Le Medef échange fiscalité contre emploi

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avec AFP , modifié à

Le président du Medef se fixe pour objectif la création d'un million d'emplois nets en cinq ans en France en contrepartie d'un geste du gouvernement pour alléger la pression fiscale et réglementaire sur les entreprises. Pierre Gattaz, qui souhaite rencontrer François Hollande à ce sujet, a annoncé jeudi sur RTL son intention d'écrire aux 750.000 adhérents du Medef, furieux de la politique fiscale du gouvernement socialiste, "pour leur dire : 'on va se mobiliser pour créer un million d'emplois nets'". "C'est un cap économique. Nous n'avons plus de cap (...), ce qui explique le zig et le zag permanent du gouvernement. Ça, c'est insupportable", a-t-il plaidé. "Si on nous met en condition, ça marchera". "On se retrouve avec des mesures contradictoires et parfaitement anti-économiques", a-t-il répété.  

Lors d'une réunion mardi soir à Lyon en présence de Pierre Gattaz et du président de la CGPME, Jean-François Roubaud, quelque 3.000 "patrons militants" ont exprimé leur exaspération face aux réformes fiscales de l'exécutif et ont adressé "un carton jaune" à ce dernier.  Le projet de taxe sur l'excédent brut d'exploitation (EBE), finalement remplacé le week-end dernier par une surtaxe de 10,7% sur l'impôt sur les sociétés dans le cadre du budget 2004, a ajouté à la colère contre la "surchauffe fiscale".    

"La France a un moteur de Formule un mais elle fait de l'huile, elle est en surchauffe et fonctionne comme une 2 CV", a affirmé Pierre Gattaz sur RTL. "La mobilisation des patrons devrait être de créer de l'emploi et pour faire ça, nous avons besoin absolument de conditions fiscales, sociales, réglementaires, qui doivent aller dans le sens de cette création d'emplois", a-t-il justifié.  

Dans une interview publiée jeudi dans Libération, le ministre du Budget, Bernard Cazeneuve, affirme sa volonté de passer de "la culture de la confrontation à celle du compromis" avec les chefs d'entreprise tout en prévenant que s'il "a raison de tendre la main", le gouvernement ne doit pas "tendre la joue".  "Nous nous sommes retrouvés face à des postures, chacun voit que le monde patronal est encore dans la dynamique de l'élection interne au Medef. (...) C'est la raison pour laquelle nous avons décidé d'être patients et persévérants", déclare-t-il.  

S'il veut "repositiver" le monde de l'entreprise, qui "a 80% des solutions des problèmes du pays en main", le gouvernement doit aussi "avoir le courage politique d'optimiser la dépense publique du pays", a insisté Pierre Gattaz.  Réponse de Bernard Cazeneuve : "Nous ferons 15 milliards d'économies en 2014. On peut penser que ce n'est pas assez, mais pas nier que c'est plus que ces dernières années".  "Je crois qu'il y a urgence, il y a des chefs d'entreprise qui en ont marre. Il faut écouter cette urgence, et j'espère qu'il n'y aura pas 'carton rouge', car je ne veux pas être le patron des patrons en colère", a conclu Pierre Gattaz.