Kerviel contre-attaque

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A un mois de son procès, l’ex-trader critique la Société générale et les juges d’instruction.

Alors que son procès approche, Jérôme Kerviel prépare activement sa défense et tente de conquérir l’opinion. A quelques jours de la parution de son livre L’engrenage – Mémoires d’un trader, l’ancien trader, accusé par la Société Générale de lui avoir fait perdre 5 milliards d’euros, s’exprime dans les colonnes du JDD pour exposer sa version des faits.

La SG était au courant

Sa défense tient sur deux points : ses supérieurs hiérarchiques étaient au courant de ses agissements, et les juges d’instruction chargés de l’enquête ont mal fait leur travail. "Il y a beaucoup d’éléments dans le dossier qui, à mon sens, parlent d’eux-mêmes, notamment sur la connaissance qu’avaient mes supérieurs de ce que je faisais", attaque ainsi l’ex-trader. La thèse de la Société Générale, selon laquelle personne n’aurait rien vu, ne tient pas."

Selon Jérôme Kerviel, la banque est elle-même responsable des énormes pertes engendrées : "pour les 5 milliards, je rappelle que c’est la Société Générale qui a débouclé mes positions. Ce n’est donc pas moi qui ai perdu cet argent. J’ai compris comment la perte avait pu monter jusqu’à 5 milliards quand j’ai vu comment ils avaient bradé mes positions."

Des questions en suspens

Après la banque, les enquêteurs. "Sur de nombreux points, j’estime que le contradictoire n’a pas été respecté pendant l’instruction : par exemple, les magistrats instructeurs ont effectué deux transports à la Société Générale hors de ma présence, de sorte que je n’ai pas pu contredire ce qui leur a été montré. D’autre part, toutes les extractions informatiques de documents ont été faites par la Société Générale, sans aucune garantie d’intégrité ou d’exhaustivité", énumère Jérôme Kerviel, qui résume : "Beaucoup de pistes n’ont pas été explorées au cours de l’instruction, beaucoup de questions sont restées en suspens".

"Appel aux bonnes volontés"

L'ancien trader en appelle à ses ex-collègues. Il leur demande de venir témoigner : "je lance aujourd'hui un appel aux bonnes volontés, parce que je croise énormément de gens, des milieux financiers ou universitaires, qui m'assurent de leur soutien mais refusent de témoigner, parce qu'ils ont peur de représailles ou de perdre leur emploi (...) Ils ne peuvent pas dire ouvertement que ce que la Société Générale raconte ne tient pas debout."

Jérôme Kerviel comparaîtra devant le tribunal correctionnel à partir du 8 juin pour abus de confiance, faux et usage de faux et introduction frauduleuse de données dans un système de traitement automatisé. Son procès doit durer jusqu'au 23 juin.

Jérôme Kerviel sera l'invité de Laurent Delahousse dimanche soir dans le JT de France 2.