Kerviel bientôt fixé sur son sort

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avec Pierre Rancé , modifié à
Le tribunal doit rendre son jugement dans le procès de l'ex-trader de la Société Générale.

Les juges s'étaient donné trois mois de réflexion. Ils rendront mardi leur jugement dans le procès hors normes de Jérôme Kerviel, l'ancien trader de la Société Générale poursuivi pour une perte record de près de cinq milliards d'euros début 2008. L'accusation a requis cinq ans de prison, dont quatre ferme, à l'encontre du jeune homme de 33 ans, désormais "consultant informatique".

Il encourt 5 ans de prison et 375.000 € d'amende

Jugé pour avoir pris sur les marchés financiers des positions spéculatives de dizaines de milliards d'euros, dissimulées à l'aide d'opérations fictives et de fausses écritures, il est accusé d'"abus de confiance", "faux et usage de faux" et "introduction frauduleuse de données dans un système informatique". Il encourt pour ces charges un maximum de cinq ans d'emprisonnement et 375.000 euros d'amende. La Société Générale, partie civile, lui réclame de son côté 4,9 milliards d'euros de dommages et intérêts.

Après trois semaines de procès en juin dernier, l'avocat de Jérôme Kerviel, Me Olivier Metzner, a demandé la relaxe pour l'essentiel des faits qui lui sont reprochés, ne plaidant coupable que de l'introduction frauduleuse de données. Au cours des débats, Jérôme Kerviel a admis avoir perdu le sens des réalités, évoquant plusieurs fois la "spirale" dans laquelle il s'est laissé entraîner.

Mais il a affirmé, encore et encore, que sa hiérarchie l'avait laissé faire, voire encouragé à prendre des risques démesurés dès lors qu'il gagnait de l'argent. Il a aussi refusé d'endosser la responsabilité des 4,9 milliards d'euros de pertes, affirmant que ses positions avaient été soldées dans les pires conditions, en janvier 2008, alors que la crise des "subprimes" agitait le marché.

La SocGen responsable ?

Si le tribunal condamne Jérôme Kerviel à verser d'importants dommages et intérêts à la Société Générale, il dédouane la banque. Ne rien lui demander ou presque serait au contraire reconnaître que l'absence de contrôle et la mauvaise gestion de la Société Générale sont en partie responsables.

Le jugement attendu mardi étant celui de première instance, Jérôme Kerviel, aura une batterie de recours possibles, en appel, en cassation et devant les juridictions européennes, avant d'être contraint de s'y conformer.