25 ans de réclusion pour le mari violent qui avait percuté mortellement sa femme

La femme de Gilou Rakotoasimbola avait portée plainte contre ce dernier avant le drame.
La femme de Gilou Rakotoasimbola avait portée plainte contre ce dernier avant le drame.
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avec AFP
Gilou Rakotoasimbola, un mari violent qui avait percuté et écrasé son épouse en juillet 2019, a été condamné vendredi à 25 ans de réclusion criminelle par les assises du Rhône. L'accusé, devra également se soumettre également à un suivi socio-judiciaire pendant dix ans comprenant une obligation de soins.

"Chronique d'une mort annoncée" : un mari violent a été condamné vendredi à 25 ans de réclusion criminelle par les assises du Rhône pour le meurtre de son épouse qu'il avait percutée et écrasée avec sa voiture. L'accusé, qui n'a pas réagi à l'énoncé du verdict, devra se soumettre également à un suivi socio-judiciaire pendant dix ans comprenant une obligation de soins.

Des faits qui remontent à juillet 2019

Gilou Rakotoasimbola, 46 ans, cheveux ras et vêtu d'un large blouson orange et noir qui épaissit sa frêle silhouette, est un "homme banal, inséré, normal", a noté dans son réquisitoire l'avocate générale Charlotte Millon. "Mais c'est un homme profondément blessé sur le plan narcissique par cette plainte déposée par Bernadette, blessé par cette séparation imposée par le juge (...) il a mal à son ego", a-t-elle poursuivi. La magistrate avait réclamé une condamnation à 30 ans de réclusion, assortie d'une peine de sûreté de 20 ans.

Le 25 juillet 2019 à Vénissieux, vers 7h15, Gilou Rakotoasimbola était entré en trombe avec son SUV sur le parking de l'entreprise de sa femme Bernadette, 43 ans, qu'il ne pouvait approcher depuis une plainte pour violences conjugales déposée deux semaines plus tôt. En moins de trois minutes, au volant de son véhicule de près de deux tonnes, le mis en cause a alternativement percuté et écrasé la victime, à deux reprises. Il a marqué aussi deux arrêts durant cette séquence, mettant le pied à terre pour invectiver son épouse agonisante avant de quitter les lieux.

Un public sidéré à la diffusion des images du meurtre

La scène très violente, filmée par les caméras de vidéosurveillance de la société, a été diffusée jeudi lors du premier jour d'audience, plongeant le public dans la sidération. Bernadette avait déposé plainte le 8 juillet après l'étranglement que lui avait fait subir la veille son mari et qui lui avait fait perdre connaissance. Gilou Rakotoasimbola avait été placé en garde à vue, puis mis en examen et placé sous contrôle judiciaire avec interdiction d'entrer en contact avec elle.

Du côté de la défense, Me Stéphanie Rogeron a estimé la peine prononcée "juste", indiquant à l'AFP qu'elle ne comptait pas faire appel. Dans sa plaidoirie, l'avocate a expliqué que son passage à l'acte est intervenu "quand il comprend qu'il ne parlera pas avec Bernadette, qu'elle ne veut pas lui parler, que c'est fini, pour lui la coupe est pleine". "Ce qu'il a fait est horrible et il le sait", a-t-elle ajouté, en déplorant que les émotions aient "du mal à transparaître" chez son client d'origine malgache.

"Escalade de la violence"

"Reconnaissez-vous l'avoir volontairement tuée ?" a demandé dans la matinée le président Eric Chalbos à l'accusé. "Oui", a-t-il répondu en opinant du chef, avant d'exprimer des "regrets" et de demander "pardon" à la famille de la victime. La veille encore, il avait conservé la ligne de défense adoptée durant l'instruction, réfutant toute intention homicide. L'ancien chauffeur routier, père de deux filles d'une précédente union, a en revanche contesté avoir été violent envers son épouse durant leur mariage.

Bernadette s'était rendue dans les locaux d'une association d'aide aux femmes battues dès le 16 avril 2018 pour évoquer "un contexte de violences physiques, psychologiques et sexuelles" au sein de son couple, a rappelé à la barre une responsable de l'association Viffil. L'ex-femme de l'accusé, qui avait refusé de répondre aux enquêteurs de peur que son ex-mari puisse avoir connaissance de son adresse, a ensuite raconté à la cour qu'au moment de leur séparation, Gilou, qui "s'énerve très vite", l'avait "étranglée un soir".

"C'est une chronique d'une mort annoncée", s'est désolée dans sa plaidoirie l'avocate des parties civiles, Me Isabelle Steyer, la plainte de Bernadette ayant entraîné, selon elle, "une escalade de la violence".
Cette dénonciation mettait au jour "la double personnalité de cet homme qui souffle le chaud et le froid, qui par moments se met à genou devant elle et à d'autres la contrôle et la rabaisse", a ajouté Me Steyer.