José Bové estime qu'il y a aujourd'hui une "prise de conscience" quant aux effets de la mondialisation. 4:14
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Thibaud Le Meneec
Invité d'Europe 1, lundi, vingt ans après le démontage du McDonald's de Millau, dans l'Aveyron, José Bové est revenu sur son combat contre la mondialisation, toujours d'actualité.
INTERVIEW

L'image est restée, vingt ans après : celle d'agriculteurs démontant pièce par pièce le chantier du McDonald's de Millau, dans l'Aveyron, le 12 août 1999. Proches de la Confédération paysanne, dont la parole était alors relayée par José Bové, 300 personnes protestaient contre les sanctions américaines visant notamment le Roquefort, produit dans la région. Vingt ans plus tard, que reste-t-il de ce combat contre la mondialisation ? Invité de François Clauss sur Europe 1, lundi soir, José Bové a livré son point de vue sur la lutte actuelle contre l'intensification des échanges entre grandes zones économiques.

Pour Bové, "le combat des idées a été accompli"

Pour l'ancien député européen, il y a aujourd'hui "une prise de conscience" globale de ce que ces échanges impliquent sur les plans social et environnemental. "Les jeunes générations comprennent ce qu'est la mondialisation, les dangers causés au réchauffement climatique par des échanges de plus en plus massifs", analyse-t-il sur notre antenne. Ce qui le pousse à déclarer que "le combat des idées a été accompli".

Néanmoins, la mondialisation ne s'est pas arrêtée après le 12 août 1999. Au contraire, elle s'est encore accélérée, avec notamment l'émergence du pôle asiatique mené par la locomotive chinoise. En Europe, l'intégration croissante dans les échanges internationaux reste encore un objectif poursuivi par les institutions de l'Union européenne, décriées par certains activistes pour leur action insuffisante en matière d'environnement.

"On court à la catastrophe"

"Quand il s'agit de passer aux actes, on vote le Ceta, on va jusqu'au bout du processus de négociation avec l'Amérique du Sud pour le Mercosur", dénonce José Bové. "Dans quelques mois, le Parlement doit voter une nouvelle Politique agricole commune : le projet prévu par la Commission européenne est une catastrophe, avec 20% à 25% de diminution des aides pour l'agriculture biologique. Les discours sont là, mais les actes concrets manquent."

Reste que ces derniers mois, la cause du climat a davantage fait l'actualité ; des personnalités comme la jeune activiste suédoise Greta Thunberg ont notamment émergé dans le débat public en Europe. "Beaucoup de jeunes ont pris conscience que le monde doit changer de manière très rapide", se félicite l'ancienne figure de la Confédération paysanne. "Si on ne change pas de modèle radicalement, on court à la catastrophe. Nos enfants et nos petits-enfants pourront toujours nous dire : 'Qu'est-ce que vous avez fait ? Vous avez regardé ailleurs'."