Il y a 20 ans, le McDonald's de Millau était démonté : "On était partis à une petite manif tranquille, et tout s’est emballé"

Il y a vingt ans, des militants de confédération paysanne débarquaient en tracteur sur le chantier du McDonald’s de Millau 2:06
  • Copié
Pauline Jacot, édité par Cécile Da Costa , modifié à
Le 12 août 1999, des militants débarquaient sur le chantier du McDonald’s de la ville pour le démanteler, faisant de ce jour une date clé de l'altermondialisme et de la lutte contre la malbouffe.

C’était une action militante prémonitoire qui reste fondatrice vingt ans après. Le 12 août 1999, il y a vingt ans jour pour jour, avait lieu le démontage du McDonald’s de Millau, sous-préfecture de l’Aveyron. 

À l'origine, une réaction à une décision américaine

Sur fond de guerre commerciale avec les États-Unis, 200 à 300 éleveurs de brebis rassemblés autour du porte-parole de la Confédération paysanne, José Bové, débarquaient en tracteur sur le chantier du McDonald’s de la ville pour le démanteler. En s'en prenant à un symbole de la "bouffe industrielle", ils entendaient protester contre une récente décision américaine de surtaxer les importations de Roquefort, foie gras, truffes ou moutarde, en réaction à l'interdiction européenne de bœuf aux hormones. 

Une florissante moustache, celle de José Bové, devenait alors le symbole de la contestation, et le 12 août une date clé de l'altermondialisme et du combat contre la malbouffe. Le gérant de l'établissement - qui ouvrit cependant fin septembre - évoqua un préjudice de 150.000 euros, avant de ramener la facture à 64.000 euros. 

"C'était une action géniale"

Les années n'ont en rien entamé la détermination de ces militants. Vingt ans plus tard ils sont toujours activistes, toujours paysans. La bande du Larzac, regroupée un soir "chez Tintin", un petit troquet à quelques kilomètres de Millau, est restée soudée autour de ce qu'ils appellent encore leur "idée de génie". Richard, Frédéric, Jean-Paul, Gilbert, et José, sa pipe et sa moustache, participaient il y a vingt ans à cette contestation historique. 

"On était partis à une petite manif tranquille, et puis tout s’est emballé", se souvient Léon Maillet sur Europe 1. Les médias se sont emballés quand il y a eu la prison, mais on s’est dit qu’après tout, pour la bonne cause, c’est formidable d’aller en prison. D’ailleurs je crois que quand la juge lui a indiqué à José qu’elle le mettait en incarcération, il lui a répondu ‘merci Madame la juge’. Parce qu’il a compris que c’était une action géniale", se souvient Léon, copain de lutte de toujours du célèbre moustachu. "Si on a gagné contre le gaz de schiste et les OGM, c'est aussi grâce à la ferveur militante qui a débuté au moment de McDonald’s", estime-t-il aujourd'hui.

Les 30 juin et 1er juillet 2000, se tient alors devant le tribunal correctionnel de Millau le procès de dix prévenus. Le 13 septembre, José Bové, en tant que meneur des troupes, est condamné à trois mois de prison ferme, et huit de ses co-prévenus à des peines comprises entre deux mois avec sursis et 300 euros d'amende.

Le McDo hier, le CETA aujourd'hui

À 66 ans, son collègue et ami Christian Roqueirol n'a jamais baissé les bras. Son combat du moment, c’est le CETA. "Ce qu’on dénonçait à l’époque, on continue de le dénoncer aujourd’hui par rapport aux accords du CETA. Il faut arriver à produire toute la nourriture dont on a besoin sans forcément être obligés d’importer".

Vingt ans plus tard, à Millau, le McDonald’s de Bové, comme il est surnommé, est toujours debout. "L'ironie de l'histoire, sourit Léon, c'est qu'en voulant détruire le McDo, on lui a finalement fait une énorme publicité".