Décollage réussi pour Thomas Pesquet 6:35
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Léa Leostic
Quelques minutes après le décollage de la capsule Space X avec à son bord Thomas Pesquet, l’ancien astronaute Jean-Jacques Favier, lui aussi déjà parti dans l’espace, a confié son soulagement au micro d’Europe 1. Il a raconté vendredi les souvenirs de ses jours passés à bord de la navette Columbia, en 1996.
INTERVIEW

Décollage réussi vendredi matin pour Thomas Pesquet. L’astronaute français est à bord de la capsule de la société Space X qui doit rejoindre la Station spatiale internationale, depuis la Floride. Avec trois autres astronautes, ils sont désormais en orbite. "C’est un soulagement pour les astronautes à bord, tout s’est bien passé. La phase de contrainte liée à la gravité du lancement est derrière eux, maintenant ils sont en apesanteur", a commenté l’ancien astronaute Jean-Jacques Favier vendredi midi sur Europe 1. "Ils vont avoir 24 heures de décontraction puisque l’approche (de la station spatiale) est automatique", explique-t-il.

"Les émotions, c’est avant de monter dans la fusée"

En 1996, Jean-Jacques Favier avait passé 16 jours dans l’espace, à bord de la navette Columbia. Il imagine donc bien les émotions qu’a pu ressentir Thomas Pesquet au moment du décollage, mais aussi sa concentration intense. "Les émotions, c’est avant de monter dans la fusée. Lorsqu’on est sur son siège, on est très concentré. La NASA organise très bien les choses, elle vous tient actif en vous posant des questions alors qu’ils ont déjà les réponses. Mais cela sert à tenir éveillé. Dans mon cas, je n’ai pas vu arriver le moment du lancement, tellement j’étais concentré. J’ai entendu les moteurs derrière moi et je me suis dit que c’était parti", se souvient-il.

"La peur est derrière nous"

Une telle concentration est longuement travaillée à l’entrainement. "On passe en revue des scenarii catastrophes. A mon époque, on s’était entrainé sur le scenario de Challenger, qui avait explosé au décollage après moins de deux minutes (en 1986, causant la mort de sept astronautes", expose Jean-Jacques Favier. "A l’entrainement, on se rend compte qu’il est impossible d’en sortir vivant. Ca, ça fait peur. Mais une fois qu’on est en situation, la peur est derrière nous, on se concentre sur ce qu’on a à faire et sur ce qui nous attend", assure-t-il.

Voir la Terre depuis l'espace, "un spectacle magnifique"

Jean-Jacques Favier s’est également remémoré l’émotion qu’il a ressentie au moment d’observer la terre depuis l’espace. "C’est la plus belle découverte quand on part vers l’espace. Même si on a été prévenu par les anciens et même si on a vu énormément de photos ou de vidéos, voir ça de ses propres yeux, c’est autre chose. Je me souviens très bien que, au moment où le commandant nous a dit qu’on pouvait détacher nos ceintures et nous déplacer, ma première tâche était de m’approcher du hublot. C’est là que j’ai vu défiler la terre. Le spectacle était magnifique", développe-t-il avec émotion.

"Le blues de l’astronaute existe"

La mission de Thomas Pesquet, durant laquelle il sera chargé de mener une centaine d’expérimentations scientifiques, doit durer six mois. Gare ensuite à un retour sur terre difficile, prévient Jean-Jacques Favier : "le blues de l’astronaute existe". Il évoque une "sorte de dépression fréquente au moment du retour sur terre. "Certains le vivent très mal", assure-t-il. Thomas Pesquet a encore le temps de s'y préparer.