La mobilisation du secteur de la recherche pour trouver le vaccin contre le coronavirus est inédite. 1:15
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Antoine Cuny-Le Callet
Exploration de toutes les pistes, simplification des procédures et réactivité de la production : les laboratoire pourraient accoucher rapidement d'un vaccin contre le coronavirus, grâce à une mécanique accélérée. Invitée d'Europe 1 samedi, la virologue Marie-Paule Kieny a décrit la mobilisation "inédite" du secteur de la recherche.
INTERVIEW

Une course contre la montre. Dans la recherche d'un vaccin contre le coronavirus, 140 programmes ont été lancés à travers le monde parmi lesquels une dizaine sont en phase clinique. Les laboratoires semblent ainsi avoir été très réactifs, alors que le génome du virus n'a pu être séquencé qu'il y a quatre mois. Membres du Comité d'analyse de recherche et d'expertise (Care) et ancienne sous-directrice générale à l’OMS, Marie-Paule Kieny a estimé, samedi sur Europe 1, que ces nombreuses expériences menées à travers le monde devraient permettre d'accélérer la découverte d'un vaccin.

Des procédure habituellement longues de plusieurs années

"C'est vraiment inédit !", répète plusieurs fois Marie-Paule Kieny. Les laboratoires s'étant lancés dans la course au vaccin sont aujourd'hui extrêmement nombreux. Selon la virologue, cette célérité des chercheurs est un atout face à l'urgence de la situation sanitaire. En effet, la découverte et la mise en circulation d'un vaccin, habituellement longues de plusieurs années, pourraient survenir beaucoup plus vite.

"On a poussé tous les concepts de vaccination en même temps, le plus rapidement possible !" Toutes les hypothèses sont donc explorées, en tenant notamment compte des connaissances sur les autres coronavirus que sont le Sras ou le Mers. L'Institut Pasteur a trouvé un candidat à partir du vaccin contre la rougeole quand le laboratoire américain Moderna est déjà en train de tester son vaccin mRNA-1273 sur l'homme.

Des unités de production déjà mises en place

Les recherches ainsi menées en parallèle devraient permettre d'explorer toutes les pistes. Les procédures et les phases d'instructions des dossiers ont également été largement écourtées. L'observation durant les essais cliniques, généralement longue d'au moins un an, est parfois réduite à trois mois. Marie-Paule Kieny explique d'ailleurs que la plupart des ces études sont menées "à risque", c'est à dire qu'elles admettent la potentialité de l'échec. "Il faut les pousser jusqu'au moment où on verrait que ce n'est pas efficace."

La virologue concède que le manque de recul pourrait introduire quelques doutes, notamment sur l'efficacité à long terme du vaccin. Mais cet investissement massif de la recherche est une des clés pour mettre au plus vite ce vaccin en circulation. De la même façon, les compagnies ont déjà commencé à mettre en place des unités de production pour des vaccins hypothétiques, sans être certaines que ceux-ci verront effectivement le jour.