Les professionnels de santé non-vaccinés peuvent réintégrer leur service mais beaucoup refusent. 1:46
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Yasmina Kattou et Romain Bitot / Crédit photo : Paul Faith / AFP , modifié à
Les soignants non-vaccinés qui avaient été suspendus peuvent désormais réintégrer leur service au même poste ou un poste équivalent. Et ce, sous les conditions définies par le gouvernement et transmises aux hôpitaux depuis deux semaines. Pour le moment, seulement quelques milliers de professionnels sont concernés, et certains d'entre eux ont refusé de retourner travailler.

Après un long combat, les professionnels de santé non-vaccinés contre le Covid-19 peuvent enfin réintégrer leur service. Le décret a été publié ce dimanche 14 mail au Journal officiel et il se déroule selon les conditions définies par le gouvernement pour anticiper ces retours. Quelques milliers de soignants sont concernés pour le moment, d'après les estimations du ministère de la Santé. Pour certains, cette nouvelle n'est pas une raison de retourner à son ancien travail.

Des soignants qui changent de voie 

Il y a un an et demi, Sophie a dû quitter son poste d'agent de restauration dans un foyer médicalisé en raison de ce refus de se faire vacciner. La jeune femme a témoigné au micro d'Europe 1 : "Je ne réintègre pas ce poste ni un autre poste dans ce milieu-là. Depuis, je fais une formation et j'ai obtenu un diplôme de gestionnaire de paie". À l'hôpital d'Arpajon, en Ile-de-France, le directeur de l'établissement, Cédric Lussier, a constaté ce changement.

Sur le personnel suspendu et de nouveau contacté, peu ont répondu présents. "On avait environ une quinzaine d'agents qui nous ont déclaré refuser de se faire vacciner. Il reste potentiellement deux agents qui pourraient être réintégrés", a-t-il déploré. De plus, les salariés concernés ne sont pas des soignants. Il s'agit d'un agent des services administratifs et un agent des services techniques. Parmi le personnel rappelé, une soignante a refusé catégoriquement de revenir.

La perte d'un poste en particulier

C'est aussi le cas de Laurence, infirmière dans un hôpital public, qui ne s'est pas rendue sur son lieu de travail ce lundi. Elle doit rencontrer sa direction mardi pour négocier son retour, et elle n'est pas sûre de retrouver son poste. "Je sais que mon poste n'a pas été conservé. C'est très embêtant pour moi parce que je suis une maman seule avec deux enfants, donc je ne peux pas faire n'importe quel horaire. C'est compliqué", affirme-t-elle à Europe 1. "Je ne sais pas encore ce qu'on va me proposer, je suis dans le flou", ajoute-t-elle.

"Il y a très peu de postes en consultation et en horaire de jour à l'hôpital, donc c'est embêtant que je ne puisse pas réintégrer le même poste, c'est un peu un coup de massue supplémentaire", concède Laurence, qui compte entamer une rupture conventionnelle avec sa direction à son retour.

"Ça a été une catastrophe"

D'autres soignants non-vaccinés ont tenu à revenir sur leur lieu de travail dès lundi, et pour certains, ce retour s'est révélé compliqué. Julie, assistante sociale hospitalière âgée de 60 ans et qui travaille en Île-de-France, explique que sa direction l'a mal accueillie. "On dirait que l'institution a tout fait pour nous accueillir le plus mal possible", souffle-t-elle. "Ça a été une catastrophe, j'en ai encore les larmes aux yeux", confie Julie.

L'assistante sociale hospitalière retrace son arrivée sur son lieu de travail lundi matin. "Toutes mes affaires sont dans un carton. On a cassé la serrure de mon casier pour pouvoir sortir toutes mes affaires pour les mettre dedans. Je n'ai pas de bureau, je n'ai pas de téléphone pour travailler, et on me file des services dont personne ne voulait... On dirait vraiment que ça a été fait exprès, on veut me faire partir, c'est évident", lâche Julie. Au total, seul un soignant suspendu sur cinq a définitivement abandonné son métier d'origine, selon la CGT.