André Comte Sponville 3:37
  • Copié
, modifié à
André Comte-Sponville avait déjà partagé ses réserves face au confinement et aux mesures qui restreignent la liberté craignant leur impact sur la jeunesse. Invité d’Europe 1 mercredi, le philosophe a abondé dans ce sens et a critiqué la primauté donnée à la santé.

Alors que l'épidémie de Covid-19 sévit toujours et que des reconfinements locaux sont envisagés, la question de l'impact économique et social d'une telle mesure sur les populations les plus précaires est en balance. Le philosophe André Comte-Sponville avait déjà mis en lumière la nécessité de préserver la santé physique, psychologique et économique des jeunes. "Si on fait de la santé la valeur suprême, ça veut dire que la priorité est de protéger les plus fragiles d'un point de vue sanitaire, les vieux. Cela revient à sacrifier les jeunes générations", a-t-il déclaré mercredi au micro d'Europe 1.

Le philosophe avait déjà fait état de ses réserves au moment de l'instauration des différents confinements. S'il affirme les avoir respectés, il ajoute qu'"obéir aux directives n'empêche pas de réfléchir". Les conséquences économiques et sociales de cette décision drastique lui sont apparues de façon évidente. "Parmi les plus pauvres, ce sont les jeunes qui vont en souffrir le plus", tonne-t-il. André Comte-Sponville affirme d'ailleurs se réjouir de voir le problème de la jeunesse acquérir une exposition médiatique nouvelle. Il constate également que les politiques ont su récupérer une part d'autonomie vis-à-vis du corps médical pour mettre en balance les enjeux sanitaires et socio-économiques.

Le détournement du principe de précaution

Interrogé sur la suspension des vaccinations au moyen du produit AstraZeneca, André Comte-Sponville dénonce une forme de détournement du principe de précaution et un "contresens". "On comprend le principe de précaution comme s'il voulait dire 'ne faisons rien qui présente un risque au moins possible', autrement dit 'dans le doute abstiens-toi'. Mais [...] puisque le risque zéro n'existe pas; on s'abstiendra toujours!"

Le philosophe reconnait qu'un suivi du processus de vaccination est nécessaire mais insiste sur le fait que les trois jours de suspension de la vaccination vont provoquer plus de dégâts que le risque hypothétique d'effets secondaires graves. "Il y aura des milliers de gens contaminés qui auraient pu ne pas l'être grâce au vaccin", déplore-t-il, craignant "plusieurs dizaines de mort".