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«On n'a jamais aussi mal soigné les gens» : la colère du médecin Arnaud Chiche contre le «mille-feuilles administratif»

Romain Rouillard . 1 min
Rudy Saada.

Europe 1 Soir

Rudy Saada

Lors de sa prise de parole du 16 juillet dernier, dans laquelle il a dévoilé les pistes du gouvernement pour dégager 43,8 milliards d'euros d'économie en 2026, François Bayrou a réclamé une "plus grande efficacité" des hôpitaux. Arnaud Chiche, médecin-réanimateur et fondateur de collectif Santé en danger ne masque pas son agacement.

Il s'était montré plutôt flou sur la question. Mais le peu qu'il en a dit a suffi à déclencher l'ire d'Arnaud Chiche. Ce médecin-réanimateur, fondateur du collectif Santé en danger, a peu goûté - et c'est un euphémisme - aux déclarations de François Bayrou sur les hôpitaux. Lors de sa prise de parole du 16 juillet dernier, au cours de laquelle il a présenté le plan de l'exécutif pour dégager 43,8 milliards d'euros d'économie en 2026, le Premier ministre a demandé "une plus grande efficacité" de la part des centres hospitaliers, notamment dans leurs achats. 

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De quoi faire sortir ce praticien de ses gonds. S'il ne conteste pas le déficit chronique de l'hôpital public, il l'explique par "le poids de l'administration française" qu'il compare à nos voisins européens. "En France, le poids de l'administratif, c'est entre 30 et 32% sur le budget santé. En Allemagne, c'est 20%. Si on s'alignait sur la place de l'administration en Allemagne, on ferait 18 milliards d'économies par an", avance Arnaud Chiche qui dresse un constat amer : "On n'a jamais été autant vampirisé par l'Administration et on n'a jamais aussi mal soigné les gens [...] Tous ces services-là, les gestionnaires de paie, les directeurs, sous-directeurs, directeurs stratégiques, directeurs opérationnels... Mais qu'est-ce qu'ils font ces gens-là ?", s'interroge-t-il.  

"On a quand-même encore besoin d'hôspitaliser les gens !" 

Et selon lui, le débat sur la rentabilité de l'hôpital n'a pas lieu d'exister. "Non, l'hôpital n'a pas pour mission d'être rentable. L'hôpital a pour mission de faire de la santé publique. Tous ceux qui ont inventé ce système-là qui consiste à dire que les hôpitaux doivent être rentables ont fabriqué des services administratifs qui étouffent les soignants en leur demandant de remplir des tableaux Excel. On marche sur la tête", s'agace Arnaud Chiche. 

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Faire des économies sur les achats de médicaments et les analyses ? Développer l'ambulatoire afin de réduire le nombre de nuits à l'hôpital ? Autant de pistes de l'exécutif que ce médecin balaie d'un revers de la main. "Vous pensez que le gouvernement a une légitimité à parler de médicaments alors qu'il y a un an nous étions en pénurie d'antibiotiques pour des enfants ? Quant à l'ambulatoire, je passe mon temps à en faire. Aujourd'hui, on peut même faire des prothèses de hanche en ambulatoire. Mais il faut quand même avoir derrière des infirmiers libéraux [...] on a quand même encore besoin d'hospitaliser les gens !" Pour lui, il est urgent de dépolitiser la gestion de la santé publique. "Les politiques sont incompétents pour organiser la santé en France. Ça fait 20 ans qu'ils font n'importe quoi".