Le Covid-19 complique la vie des autistes, le gouvernement s'empare (enfin) du dossier

L'enferment a souvent renforcé les difficultés de sociabilisation des personnes souffrant d'autisme.
L'enferment a souvent renforcé les difficultés de sociabilisation des personnes souffrant d'autisme. © PHILIPPE HUGUEN / AFP
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Jean-Rémi Baudot, Pierre Herbulot, Caroline Baudry et Romain David , modifié à
Le Covid-19 a renforcé l'isolement de certains malades souffrants de troubles mentaux, notamment les autistes, pour qui sociabiliser est souvent, déjà en temps normal, un véritable défi. Ce vendredi, Journée mondiale de sensibilisation à l’autisme, Emmanuel Macron devrait mettre en avant l'intérêt que l'exécutif veut désormais porter à ces personnes dans la gestion de la crise sanitaire.

À l'occasion de la Journée mondiale de sensibilisation à l’autisme, Emmanuel Macron se rend à côté de Grenoble vendredi matin pour faire le point sur la "stratégie autisme" lancée il y a trois ans. Ce déplacement devrait être l’occasion pour le président de la République de rappeler l’importance de la prise en charge des autistes, même pendant le confinement, car c’est l’un des enseignements que l’exécutif tente de garder de cette année sous Covid-19 :  la nécessité de préserver la santé mentale des Français, et particulièrement celle des porteurs de handicap.

Au printemps dernier, après trois semaines de confinement strict, Emmanuel Macron avait publié une vidéo à l’attention des personnes autistes pour les autoriser à sortir, malgré les restrictions. Une annonce faite "un peu tardivement", reconnaît-on aujourd’hui à l’Elysée. À l’époque, la prise en compte du handicap n’avait pas été immédiate, et de nombreuses familles s’étaient retrouvées, du jour au lendemain,  parfois pendant de longues semaines, sans aucune solution. Depuis, le sujet de la santé psychique est étudié à chaque Conseil de défense, et une pédopsychiatre a notamment intégré le Conseil scientifique.

Une crise qui décuple les obsessions et les angoisses du quotidien

En France, la Haute autorité de santé estime qu’environ 100.000 jeunes de moins de 20 ans et près de 600.000 adultes sont autistes, soit 1% de la population. Le spectre de ce trouble du développement étant très large, la crise sanitaire a pu avoir des conséquences très différentes sur les autistes, selon la sévérité de leurs symptômes.

"Le fait de ne plus aller à l'école n'est pas adapté pour les enfants autistes qui ont souvent besoin d'avoir un contact", déplore auprès d'Europe 1 Rafaëlle Vigil, la mère de Timothée, autiste asperger de 17 ans qui passe le bac cette année et subit encore plus que les autres les restrictions répétées. "Pour lui, il est toujours un peu difficile de mettre en œuvre à chaque fois les nouvelles modalités, d'autant que ce n'est pas toujours très clairement expliqué", pointe sa mère. "Comme quasiment tous les autistes, il a des problèmes sensoriels et le port du masque en a fait partie. Il est assez angoissé par les possibilités de transmission du virus. Il aime bien que tout soit fait comme on le demande. Il a été perturbé par les élèves qui ne mettaient pas le masque", rapporte encore Rafaëlle Vigil.

L'insertion professionnelle comme enjeu de santé publique

Pour les adultes souffrant d'autisme, l'insertion professionnelle est l'un des principaux leviers pour les aider à maintenir des interactions et à avoir un quotidien structuré, notamment en cette période d'isolement imposé. Pourtant, on estime que 90 à 95% des adultes autistes sont au chômage. Rares sont les employeurs qui voient en ces personnages atypiques une véritable richesse pour l'entreprise.

Maxime, 25 ans, autiste asperger, a pu décrocher un stage dans une entreprise automobile. "Les trucs que tout le monde arrive à faire, je n'y arrive pas, mais ce que personne ne réussit à faire, moi j'y arrive", résume-t-il auprès d'Europe 1. Clarisse, sa tutrice, se dit "impressionnée" par certaines de ses compétences. "Il est capable d'identifier le numéro et le montant d'une commande traitée trois jours plus tôt. C'est une force que je n'ai pas", explique-t-elle.

Un couple présidentiel sur le terrain

L’entourage d’Emmanuel Macron affirme que le sujet reste "cher" au chef de l'Etat, particulièrement en ces temps de crise. Vendredi matin, il va rencontrer des professionnels mais aussi des familles. Ce dossier tient également à cœur la première dame. Selon nos informations, loin des caméras, Brigitte Macron a visité jeudi à Malakoff, en région parisienne, une structure accueillant notamment des autistes.