LA QUESTION SEXO - La consommation intensive de poppers peut-elle nuire à une relation ?

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Catherine Blanc , modifié à
Mercredi, dans "Sans Rendez-vous", la sexologue et psychanalyste Catherine Blanc répond à un auditeur qui s'interroge sur la consommation quasi systématique de poppers de son compagnon pendant leurs relations sexuelles. Il s'inquiète que cela soit une addiction ou une façon de compenser un manque de désir.

Mercredi, dans l'émission "Sans Rendez-vous", la sexologue et psychanalyste Catherine Blanc répond à Fabien, un jeune homme en couple qui s'inquiète de voir son compagnon utiliser du poppers systématiquement lors de leurs rapports sexuels depuis six mois. Il se demande si cela témoigne d'une addiction ou d'un manque de désir à son égard. La sexologue lui répond que si ses doutes ne sont pas forcément fondés, il peut y avoir des raisons de s'inquiéter d'un tel comportement.

La question de Fabien

"Avec mon copain, nous avons des rapports sexuels et il a pris la fâcheuse habitude de toujours vouloir consommer du poppers pendant les rapports. La première fois, j'avoue que j'ai trouvé ça un peu amusant, mais cela dure depuis six mois et il continue toujours de prendre du poppers. Est-ce que c'est parce qu'il est accro au poppers ou bien car il n'a plus envie de moi ?"

La réponse de Catherine Blanc 

Le poppers est d'abord utilisé pour des questions euphorisantes. Ce n'est pas considéré comme une drogue mais il y a l'idée d'une euphorie pour mettre une sorte d'ambiance de fête, au même titre que l'alcool pour d'autres. Ensuite, il y a un effet vasodilatateur qui entraînera une dilatation - ce qui explique qu'il est particulièrement consommé par les couples gays -, bien que cela ne marche pas du tout pour tout le monde. Aujourd'hui, ce sont beaucoup des jeunes gens qui cherchent cette évasion, cette euphorie, pour aller tambour battant dans la sexualité. Peut-être aussi pour éviter ce qui les y inquiète.

Peut-il y avoir un abus de cette substance ?

L'utiliser constamment c'est considérer que la relation elle-même ne va pas apporter cette euphorie. C'est considérer également que l'enthousiasme ou l'excitation de la relation ne le permettent pas et chercher cela ailleurs. La question n'est pas tant "est ce qu'il n'a pas envie de moi" que "est-il apte à me rencontrer". Ou encore "est ce qu'il lui faut absolument utiliser le poppers pour se raconter une histoire excitante", sachant que l'effet est très court.

Cela raconte une difficulté de ressenti, de plaisir, d'excitation que seul le poppers, dans ses effets soudains, va pouvoir offrir. Mais en faisant cela, il ne se donne même pas la possibilité de faire confiance dans son cheminement relationnel et sexuel. Il ne fait pas confiance à la sexualité et à la relation pour vivre des choses intenses. Et il va aller le chercher dans quelque chose d'extérieur, ce qui est extrêmement triste.

Est-ce une addiction ?

Oui, il y a un problème d'addiction. Ce n'est pas parce que ce n'est pas une drogue étiquetée comme telle qu'elle ne l'est pas pour l'individu. Il en va de même pour le sucre, on sait très bien que la consommation de sucre entraîne un désir d'en consommer. Il a une incapacité à fabriquer soi-même les hormones jouissives et attend tout du poppers pour sa jouissance.

Doit-il lui poser un ultimatum ? 

C'est la même question si quelqu'un a besoin de boire pour faire l'amour avec moi. Est ce que j'ai envie d'être mêlé à une histoire où je ne suis pas acteur ou actrice de la relation et de la joie de la relation ? Il faut savoir dire stop. "Cela ne correspond pas à ma sexualité. C'est un dénigrement de moi." Il faut refuser d'être enfermé soi-même dans cette façon d'envisager la sexualité dans laquelle l'autre s'enferme.