LA QUESTION SEXO - Dois-je avoir peur pour mon couple si nous faisons un plan à trois ?

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Catherine Blanc
Dans l'émission "Sans rendez-vous" sur Europe 1 mercredi, la sexologue Catherine Blanc répond à un auditeur qui s’inquiète des conséquences affectives que pourrait avoir sur son couple l’organisation d’un "plan à trois".

Introduire dans l’alcôve conjugale une troisième personne est souvent une manière pour un couple de pimenter sa vie sexuelle. Plus indirectement, ce genre de pratique permet aussi de tester son attachement à l’autre. Au micro d’Europe 1, la sexologue Catherine Blanc explique quels mécanismes d’excitation sont à l’œuvres dans un "plan à trois", et surtout ce qu’il peut déclencher au niveau affectif.

La question de David, 30 ans

"Je suis avec mon copain depuis quatre ans. Nous avons toujours été fidèle l’un envers l’autre, mais nous aimerions tester un plan à trois. Cela m’m’angoisse un peu, je suis extrêmement jaloux de nature. Comment faire pour que cela se passe bien ?"

La réponse de Catherine Blanc

"Faire appel à une troisième personne dans un couple, c’est faire jouer des fantasmes différents. Au lieu d’être dans un rapport de fusion, et de se perdre l’un dans l’autre, l’intervention d’un tiers place la simulation sexuelle dans la mise à mal de son positionnement, de son propre pouvoir, de sa reconnaissance dans l’oeil de l’autre ou encore dans la dangerosité dans laquelle nous nous trouvons dans le lien à l’autre.

N’est-ce pas une façon détournée d’avoir une relation sexuelle avec une autre personne, tout en ayant l’accord de son conjoint ?

Bien sûr. C’est une façon de demander l’autorisation de pouvoir faire quelque chose en dehors de l’autre. La triangularité permet d’ouvrir un champ des libertés tout en veillant à conserver la qualité de la relation initiale.

L’excitation se situe à deux niveaux dans un plan à trois. Il y a d’abord le fait de voir ce qui se passe entre deux personnes, de rentrer dans une intimité avec tout ce que cela provoque de surprise et de voyeurisme. Et puis arrive cette question : comment trouver sa place, s’immiscer entre ces deux personnes pour jouer un rôle, secondaire ou au contraire majeur ?

La jalousie éprouvée par David devrait-elle le pousser à renoncer à ce type de pratique ?

Il faut se demander pourquoi vouloir absolument faire l’expérience de quelque chose dont on se dit que ça peut être douloureux. Quel est l’intérêt de repousser sans cesse les limites de nos relations, de mettre à mal leur sécurité ? Pour mesurer, à l’orée de ce danger, combien nous nous aimons malgré tout. Des lors, le tiers est utilisé pour tester la solidité d’un lien affectif avec, toutefois, tous les risques que cela implique…

Faut-il fixer des règles, précisément pour minimiser les risques affectifs ?

Si l’on s’adonne à ce genre de pratique, peut-être vaut-il mieux fixer les limites entre ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas pour se sécuriser. Mais dans l’excitation, les choses peuvent toujours évoluer, car arrive un tiers qui n’a pas forcement les mêmes règles du jeu et qui a besoin, lui aussi, d’exister."