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Mathilde Durand
Pathologie "essentiellement féminine", impressionnante mais sans risque vital, le prolapsus génito-urinaire est plus connu sous le nom de "descente d'organes". Comment reconnaitre les signes d'un prolapsus débutant, comment l'éviter, comment y remédier : Europe 1 fait le point sur cette pathologie méconnue et taboue. 
DÉCRYPTAGE

Plus connu sous le nom de "descente d'organes", le prolapsus génito-urinaire est une pathologie "essentiellement féminine", explique Yannick Rouach, chirurgien-urologue, au sein de l'Hôpital privé d'Antony, dans les Hauts-de-Seine. Le risque qu'une femme soit opérée pour cette maladie est de 11 à 19% au cours de sa vie, selon le site de l'Assurance maladie. Mais en quoi consiste cette pathologie, comment reconnaître les signes ? Dans Sans Rendez-Vous, le chirurgien urologue fait le point sur ce trouble encore méconnu et très impressionnant.

Un glissement des organes pelviens

Le prolapsus correspond chez la patiente à un glissement des organes du petit bassin vers le bas, soit le vagin. D'ordinaire, la vessie, l'utérus et le rectum sont soutenus par le plancher pelvien, ou périnée. Or lorsque les tissus ou les ligaments de cette zone se distendent, ces organes "peuvent se décrocher et par gravité descendre, et faire issue par le vagin", explique Yannick Rouach. Le terme cystocèle désigne le prolapsus de la vessie, l'hystérocèle celui de l'utérus et le rectocèle, plus rare et qui peut aussi concerner les hommes dans des cas précis, pour le rectum.

Avant d'être extériorisés, dans certains cas, les organes pelviens appuient sur la paroi vaginale, créant une gêne chez les personnes touchées. Pour éviter que le prolapsus atteigne un stade avancé, il est important de faire attention au signe pour repérer la pathologie à un stade "débutant" :

- "On peut s'en rendre compte car on a des difficultés à uriner, un besoin de pousser pour uriner ou des besoins anormaux, des fuites urinaires par urgenturies par exemple", explique le chirurgien urologue.

- "On peut aussi ressentir une pesanteur pelvienne, notamment en fin de journée après avoir marché, soit une pesanteur dans le vagin".

En cas de doutes, il ne faut pas à hésiter à consulter son médecin traitant dans un premier temps, qui orientera ensuite la patiente chez un urologue. Sans paniquer, rappelle Yannick Roach. "Il n'y a pas de caractère d'urgence car il n'y a pas de risque vital", assure-t-il, tout en expliquant que cette pathologie reste "impressionnante" et "compliquée moralement". Surtout lorsque le prolapsus est extériorisé, c’est-à-dire que les organes pelviens ressortent.  

Plusieurs facteurs de risque

Plusieurs facteurs peuvent favoriser le prolapsus : les grossesses, notamment multiples, la répétition des accouchements par voie naturelle, un relâchement du périnée musculaire ou hormonal, ou encore une hyperpression abdominale répétée. "Les femmes qui toussent de façon chronique, qui sont en surpoids, qui font des efforts physiques importants, telles que les haltérophiles par exemple", énumère le chirurgien urologue.

"Parfois cela concerne aussi les femmes touchées par des troubles anorexiques, car cette pathologie relaxe le périnée : les tendons sont plus lâches et il y a moins de maintien des organes." Contrairement aux idées reçues, aucune pratique sexuelle ne peut entraîner en revanche un prolapsus", ajoute-t-il.

Comment y remédier ?

Plusieurs conseils d'hygiènes et de diététiques permettent de traiter un prolapsus débutant. "On peut perdre du poids, faciliter le transit, faire de la kinésithérapie pour remuscler le périnée dans les cadres modérés", explique le docteur Yannick Rouach. Les traitements hormonaux, en plein débat dans la communauté médicale, permettent également, selon lui, de renforcer le vagin, "qui est la clé de beaucoup de chose". "Si on ne peut pas le faire en général, au moins en local par des ovules ou des crèmes", poursuit-t-il.

Dans les cas trop avancés et lorsque l'organe est déjà descendu, les traitements ne peuvent lutter contre la gravité. La patiente devra en passer par une opération chirurgicale. Une des techniques pouvant être utilisée est la promontofixation : une intervention qui se déroule par voie coelioscopique, c’est-à-dire par voie abdominale. On accède à l'intérieur de l'abdomen par de petites incisions.

"A l'aide de deux bandelettes, on attrape la vessie, l'utérus, le vagin, le rectum et on les accroche à des ligaments un peu solides pour que cela reste en place", schématise Yannick Rouach. "Comme toutes les chirurgies mécaniques, cela fonctionne très bien."

Une autre technique consiste à passer par la voie vaginale, et peut aller jusqu'à la pose d'une prothèse synthétique de renfort pour éviter que le prolapsus ne récidive.