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Les soignants des urgences sont appelés à battre le pavé mardi, une dernière ligne droite pour maintenir la pression sur le gouvernement et tenter d'étendre le mouvement à tout l'hôpital d'ici à la rentrée.
INTERVIEW

Après plus de trois mois de grève, les soignants des urgences sont une nouvelle fois appelés à battre le pavé mardi. Et selon Patrick Pelloux, président de l’Association des médecins urgentistes de France, invité mardi d'Europe 1, les 75 millions d'euros débloqués par l'exécutif pour résoudre la crise à l'hôpital sont encore loin de pouvoir mettre fin à ce conflit.

L'Etat a "joué sur la fibre altruiste, humaniste du personnel"

"C'est insuffisant par l'ampleur du retard dans les hôpitaux", assure le médecin urgentiste, qui voit dans ce mouvement de protestation "spontanée" une continuité de celui des gilets jaunes. "Il y a urgence aux urgences, avec cette souffrance vraiment importante du personnel. Tant que l'on n'a pas trouvé un compromis, il faut mettre les gens autour de la table", enchaîne-t-il. "On est en train de crever dans les hôpitaux, on a fermé beaucoup trop de lits". 

Selon Patrick Pelloux, l'Etat, et notamment les services de Bercy, ont "joué sur la fibre altruiste, humaniste du personnel" pour palier le manque de places disponibles à l'hôpital, dans un souci d'économies budgétaires. "Une infirmière censée, par exemple, accueillir quatre malades, si on lui dit qu'elle va finalement en accueillir six, elle ne va pas dire 'non'. Elle va bosser, mais au prix d'un épuisement professionnel", déplore l'urgentiste.

La situation est d'autant plus alarmante que, selon le médecin, "le malade du 20e siècle n'est pas le même que celui du début du 21e siècle. Il a changé. Il est poly-pathologique, il est super informé via internet. Il y a une procédure sociale d'arrivée aux urgences qui a changé", développe-t-il, réclamant davantage de coopération entre la médecine de ville, les cliniques et les hôpitaux.

Sur la canicule, "on est au top"

Patrick Pelloux déplore également le manque d'attractivité des métiers de l'hôpital, et notamment celui d'infirmier(e). "Notre salaire moyen est à la 24e place en Europe. Il y a une différence d'environ 400 euros avec une infirmière allemande", déplore-t-il, dénonçant une "spirale infernale" : la fermeture des lits entraînant le départ des infirmier(e)s, ce qui entraîne encore plus de fermetures de lits.

Le médecin apporte tout de même une touche positive à la situation actuelle : la gestion de la canicule. "Ce ne sera plus comme en 2003. Nous sommes le seul pays d'Europe à avoir une telle stratégie. On est au top", conclut-il.