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Delphine Schiltz , modifié à
Une équipe israélienne de l’université de Pennsylvanie a démontré que la flore intestinale permettrait de produire de la dopamine, cette hormone du bonheur responsable de la notion de plaisir dans notre cerveau. Et grâce à elle, nous pourrions bien trouver de la motivation... pour faire du sport.

Vous connaissez certainement la dopamine. C’est l’hormone du bonheur, responsable de la notion de plaisir dans notre cerveau. Ce que vous ignorez peut-être, c’est que la flore intestinale permettrait d’en produire et de trouver de la motivation… pour faire du sport. C’est en tout cas ce qu’a montré une équipe israélienne de l’université de Pennsylvanie, dans de récentes expérimentations menées sur des souris. Alors, comment ça marche ?  Eléments d’explication avec Philippe Gérard, directeur de recherche à l'Inra de Jouy-en-Josas et spécialiste du rôle du microbiote intestinal sur la santé.

Qu’est-ce que cette étude ?

Dans cette étude menée par une équipe israélienne, les chercheurs se sont intéressés au rôle potentiel du microbiote intestinal dans la motivation à faire de l'exercice. Pour cela, ils ont utilisé une cohorte de 200 souris, issues de 8 fonds génétiques différents. Et ils leur ont fait faire de l'exercice, soit sur un tapis roulant, soit dans une roue.

Ils ont pu mettre en évidence que toutes les souris n'avaient pas la même motivation à faire de l'exercice : certaines couraient plus longtemps. Pour comprendre ces différences de performance sportive, les chercheurs ont analysé tout un tas de paramètres, et à leur grande surprise, ils ont découvert que c'était la flore intestinale qui permettait de mieux expliquer pourquoi certaines souris couraient plus longtemps que d'autres.

Pour vérifier ensuite cette hypothèse, ils ont détruit la flore intestinale des souris en leur donnant des antibiotiques. Puis, ils ont réintroduit certaines bactéries dans l’intestin des souris pour les tester. Grâce à ce procédé, les chercheurs ont observé que cette nouvelle flore intestinale était capable d’améliorer les performances sportives des souris, de les faire courir plus longtemps.

Comment peut-on expliquer ce phénomène ?

En fait, les chercheurs ont trouvé que ces bactéries « spéciales » avaient toute la même particularité : celle de synthétiser des molécules dans l’intestin, appelées amides d’acides gras, à l »origine d’une réaction en chaîne. Les amides acides gras produits par les bactéries de la flore activent des neurones présents dans l'intestin, qui eux-mêmes activent des neurones dans la moelle épinière, qui vont stimuler une production de dopamine au niveau du cerveau. Ces bactéries provoquent en quelque sorte un shot de motivation.

Quelles limites et quelles applications potentielles à cette étude ?

Pour commencer, on ne peut pas complètement extrapoler des résultats obtenus chez la souris. Il faut vérifier que chez l'homme, on a aussi ces espèces bactériennes qui sont capables de faire augmenter la dopamine. Je pense que c'est typiquement ce que cette équipe israélienne est en train de vérifier. Pour les applications, je pense qu'elles sont multiples. On sait très bien que la pratique du sport est bénéfique pour la santé et qu'un des freins principaux, c'est que les gens n’ont pas envie.

Si l'on trouvait des bactéries que l'on pouvait implanter dans leur intestin pour leur donner envie, évidemment, ça serait une grande avancée. On n’en est pas du tout là, mais si c'est ce qu'on peut imaginer en tout cas, lorsqu'on lit les résultats obtenus dans cet article. A présent, on pensait plutôt que des facteurs génétiques déterminaient la motivation pour le sport.