L'espérance de vie en bonne santé, "le véritable indice qui nous intéresse"

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Margaux Lannuzel
"C'est notre capital santé qui est important", plaide sur Europe 1 le médecin gériatre Christophe de Jaeger en plein débat autour de l'âge "pivot" de départ à la retraite. 
INTERVIEW

On connaît l'espérance de vie à la naissance - autour de 83 ans en France. Mais en plein débat autour de l'âge "pivot" de départ à la retraite à taux plein, une autre notion pourrait prendre une place croissante : celle d'espérance de vie en bonne santé. Fixé à 64,9 ans pour les femmes et 62,6 ans pour les hommes en 2017, cet indice est actuellement abordé aux universités d'été du Medef. Invité d'Europe 1, jeudi matin, Christophe de Jaeger, médecin gériatre et chercheur français spécialisé dans le vieillissement du corps humain, a estimé qu'il s'agissait du "vrai révélateur de la santé". 

"Tout faire pour que les gens ne tombent pas malades"

"C'est le véritable indice qui nous intéresse, parce qu'être à l'hôpital ou en maison de retraite n'est pas forcément intéressant", explique Christophe de Jaeger. "C'est une notion révolutionnaire, or elle ne croit pas de manière linéaire (...) Elle ne bouge pas vraiment depuis une dizaine d'années." Preuve, selon le médecin de la nécessité d'une meilleure "prise en charge personnelle".

"Notre médecine française remarquable à bien des égards, mais elle ne tient pas compte des aspects préventifs", appuie le médecin. "L'idée, aujourd'hui, pour des gens comme moi, c'est de tout faire pour que les gens ne tombent pas malades, pas de prendre en charge une pathologie le plus tôt possible. (...) C'est notre capital santé qui est important." 

"Ça mérite qu'on s'y penche beaucoup plus"

"Prenez un homme de 50 ans : si on mesure sa rigidité artérielle, qui est le vrai signe de son vieillissement, on va peut-être mettre en évidence qu'elle est celle d'un homme de 70 ans. Cela veut dire qu'il porte le risque d'un homme de 70 ans", illustre Christophe de Jaeger. "On peut agir sur cette rigidité, et on peut, 2 ou 3 ans plus tard avoir des artères plus souples. Ça mérite qu'on s'y penche beaucoup plus."