L'ESSENTIEL - Coronavirus : la France se ferme encore plus, bilan en forte hausse

Lundi, les Français ont anticipé une restriction des conditions de circulation face au coronavirus.
Lundi, les Français ont anticipé une restriction des conditions de circulation face au coronavirus. © AFP
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avec AFP , modifié à
Emmanuel Macron a pris la parole à 20 heures pour annoncer un durcissement du confinement de la population et le report des élections municipales face à la propagation de l'épidémie de coronavirus, qui continue de fortement progresser en France. Christopher Castaner a précisé qu'une amende punirait les contrevenants. 

Un lundi pas comme les autres. La France, qui compte désormais 148 décès et 6.633 cas avérés de coronavirus, a entamé sa première semaine au stade 3 de l'épidémie de coronavirus. Emmanuel Macron a annoncé des mesures de confinement encore plus drastiques lors d'une allocution télévisée à 20 heures, avec notamment des "déplacements très réduits" dès mardi midi et le report du second tour des élections municipales. 

Dans la foulée, Christophe Castaner a précisé les modalités de ces mesures, avec notamment une amende pour les contrevenants et une attestation obligatoire à présenter en cas de contrôle. 

Les informations à retenir 

  • Le bilan est passé à 148 morts et plus de 6.633 cas en France, lundi soir
  • Emmanuel Macron annonce un "durcissement" des mesures de confinement
  • Des amendes pourront atteindre jusqu'à 135 euros, précise Christophe Castaner
  • Les élections municipales sont reportées "au plus tard au mois de juin"

"Déplacements très réduits" dès mardi midi

Dans ce contexte, Emmanuel Macron a pris la parole pour renforcer les mesures de confinement de la population : "Après avoir consulté les experts et en conscience, j'ai décidé de renforcer encore les mesures les déplacements et nos contacts au strict nécessaire. Dès (mardi) midi et pour quinze jours au moins, nos déplacements seront très réduits."

"Seuls doivent demeurer les trajets pour aller faire ses courses, se soigner, aller travailler quand le travail à distance n'est pas possible, faire un peu d'activité physique", a poursuivi Emmanuel Macron. "Toute infraction à ces règles seront sanctionnées."

Peu après les annonces d'Emmanuel Macron, le ministre de la Santé Olivier Véran a précisé les contours de ce "confinement" renforcé : "N'entrez pas en contact avec plus de cinq personnes par jour. Chaque contact évité peut être une vie sauvée", a-t-il écrit dans un message sur Twitter.

Des contrôles par les forces de l'ordre, une amende pour les contrevenants 

"Un dispositif de contrôle va être mis en place avec des points de contrôles fixes et mobiles, sur les axes principaux et secondaires", a indiqué le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner. Pas moins de "100.000 policiers et gendarmes" vont être "déployés sur le terrain".

Les personnes incapables de "justifier de leurs déplacements" pourront écoper d'une amende qui pourra atteindre 135 euros, alors qu'elle est de 38 euros actuellement. Une attestation pourra être téléchargée dès mardi matin sur le site du ministère de l'Intérieur. Pour ceux ne disposant pas d'imprimante, il sera possible de la rédiger sur papier libre. 

Les élections municipales "reportées" 

Le report des élections municipales, demandé par l'ensemble de la classe politique, a été officialisé lundi soir par Emmanuel Macron. Dans la soirée, Christophe Castaner a annoncé que le scrutin aurait lieu "au plus tard au mois de juin", avec un projet de loi examiné dans la semaine en conseil des ministres. "Les résultats du premier tour sont sanctuarisés", a confirmé le ministre.

Dans son allocution, le chef de l'Etat a annoncé le report immédiat de toutes les réformes actuellement menées par le gouvernement, "à commencer par la réforme des retraites", très contestée.

6.633 cas et 148 morts

Le dernier bilan fait état lundi soir de 148 morts (21 morts de plus que dimanche) et 6.633 cas avérés. La situation de l'épidémie de coronavirus en France "est très inquiétante" et "se détériore très vite", a déclaré lundi le directeur général de la Santé Jérôme Salomon.

Pour faire face à une propagation rapide de cette épidémie, Emmanuel Macron a annoncé lundi soir plusieurs mesures pour tenter de soulager le secteur hospitalier et médical français, en surchauffe face à cette épidémie. Il a annoncé la distribution de masques en priorité à partir de mardi aux personnels hospitaliers et aux médecins de ville et de campagne "dans les 25 départements les plus touchés", les autres départements devant être servis à partir de mercredi. Les hôtels et les taxis pourront être réquisitionnés pour les personnels soignants.

Dans le Haut-Rhin, où l'épidémie s'est propagée plus tôt qu'ailleurs, la situation est "extrêmement tendue et critique", s'est alarmé sur Europe 1 Jean Rottner, médecin et président de la région Grand Est. Un hôpital de campagne du service de santé des armées "va être déployé dans les jours à venir en Alsace", a annoncé Emmanuel Macron. Les armées "apporteront aussi leur concours pour déplacer les malades des régions les plus affectées", a précisé le président de la République.

Des mesures pour les entreprises et les ménages

Emmanuel Macron a promis "une garantie de l'Etat" de 300 milliards pour les prêts bancaires des entreprises. "Aucune entreprise ne sera livrée au risque de faillite", a-t-il garanti. "Celles qui font face à des difficultés n'auront rien à débourser, ni les impôts, ni les cotisations sociales", a-t-il souligné dans son allocution en évoquant aussi la "suspension des factures d'eau, de gaz ou d'électricité ainsi que les loyers". Le dispositif de chômage partiel sera quant à lui "massivement élargi".

Paris ferme ses parcs et jardins, les écoles portes closes 

En attendant, la vie quotidienne des Français est bouleversée. Celle des Parisiens va se compliquer davantage mardi, avec la fermeture des parcs et jardins annoncée lundi après-midi par la mairie. Une mesure prise au lendemain d'une fréquentation habituelle dans ces espaces un dimanche ensoleillé, alors que le gouvernement avait invité à limiter ses déplacements.

Les transports en commun exploités par la RATP à Paris et dans son agglomération seront réduits mardi, après une chute de moitié de la fréquentation ce lundi. Deux métros sur trois seront en circulation mardi, 70% des bus et tramways, 60% des RER B et la moitié des RER A, a annoncé la RATP à l'AFP. Pour les deux lignes de RER, les interconnexions seront maintenues.

Les familles subissent aussi cette crise inédite dans le pays : les crèches, établissements scolaires et universitaires n'ont pas ouvert leurs portes lundi. Seuls "les enfants de moins de seize ans des personnels indispensables à la gestion de la crise sanitaire" seront admis dans les établissements scolaires.

Les frontières se ferment

Pour limiter la diffusion de l'épidémie, le gouvernement a décidé de réduire drastiquement les transports longue distance, avec un trafic ferroviaire bientôt divisé par deux et seulement "quelques vols" internationaux. Les transports locaux seront toutefois épargnés.

Lundi après-midi, c'est l'Espagne qui a annoncé à son tour la fermeture de ses frontières terrestres dès lundi à minuit. De son côté, la Suisse a déclaré l'état d'urgence jusqu'au 19 avril, avec des contrôles aux frontières rétablis dès ce soir, y compris avec la France.

Emmanuel Macron a annoncé lundi que les "frontières à l'entrée de l'Union européenne et de l'espace Schengen seront fermées" dès mardi midi pour 30 jours, exception faite pour "les Français actuellement à l'étranger" qui pourront rentrer en France. "Concrètement, tous les voyages entre les pays non européens et les pays de l'UE seront suspendus pendant 30 jours", a déclaré le président de la République, expliquant que "nous devons dans la durée nous protéger".

7.000 morts dans le monde

Au total, le virus a tué plus de 7.000 personnes selon un dernier bilan communiqué lundi soir, alors que l'Italie a dépassé la barre des 2.000 morts. Face à la "crise sanitaire mondiale majeure de notre époque", l'OMS appelle à effectuer "un test pour chaque cas suspect", a annoncé l'Organisation mondiale de la santé. Il y a désormais "plus de cas et de décès dans le reste du monde qu'en Chine", a ajouté le chef de l'organisation, Tedros Adhanom Ghebreyesus. Une réunion extraordinaire des 27 dirigeants de l'UE est prévue mardi en visioconférence.