Pour Alain Fischer, rendre la vaccination obligatoire n'est pas "la bonne manière de procéder". 2:08
  • Copié
Laetitia Drevet , modifié à
Le vaccin contre le coronavirus n'est pas encore en circulation mais près de la moitié des Français sont déjà sceptiques quant au fait de recevoir l'injection. Une méfiance qui fait dire à certains que cette vaccination devrait être rendue obligatoire. "Ce n'est pas la bonne manière de procéder", oppose Alain Fischer, immunologiste. 
INTERVIEW

Les sondages sont unanimes : presque la moitié des Français sont sceptiques quant au fait de se faire vacciner contre le Covid-19. Alors qu'une première demande d'autorisation de mise sur le marché a été formulée vendredi par le géant Pfizer, associé à l'allemand BioNTech, les premières injections pourraient en France avoir lieu dès le début 2021. Face à la méfiance de la population, certains proposent déjà de rendre ce vaccin obligatoire. "Ce n'est pas la bonne manière de procéder", oppose Alain Fischer, immunologiste et membre du Comité vaccin Covid-19, invité samedi d'Europe 1. 

"Il faut expliquer les recommandations aux Français en leur apportant une information claire et honnête", affirme-t-il. Pour les convaincre, Alain Fischer suggère de passer par différents canaux. "Cela peut se faire par des campagnes de communication classiques mais aussi avec un relais des médecins. On peut aussi utiliser le concours de la société civile et d'associations qui seront en mesure de donner des explications à la population."

"Il n'y pas de question sur les critères de sécurité"

Mais les Français ne sont pas les seuls concernés, révélait vendredi une récente étude. "Dans la plupart des 19 pays étudiés, les niveaux actuels d'acceptation d'un vaccin contre le Covid-19 sont insuffisants pour répondre aux exigences de l'immunité communautaire", mettent en garde les auteurs de ce travail publié dans Nature Medicine. Ils expliquent cette défiance notamment par un "manque de confiance dans le gouvernement". 

Nombreux sont aussi ceux qui se méfient d'un vaccin trouvé "trop vite". Au contraire, dit Alain Fischer, il faut "saluer les prouesses scientifiques et technologiques" qui ont permis d'arriver en moins d’un an à de premiers résultats. "Cela ne veut pas dire que l'on autorise n’importe quoi n'importe comment." Avant d'être mis en circulation, les vaccins doivent en France être approuvés par l'Agence européenne du médicament et par l'Agence nationale de sécurité du médicament. Les sujets vaccinés seront ensuite étroitement surveillés.

"Il n'y pas de question sur les critères de sécurité et d'efficacité par rapport aux normes classiques", souligne Alain Fischer. Et d'ajouter : "Il tout faire pour faciliter la vaccination une fois qu'elle sera validée."