Coronavirus chinois : "Le système permet de prendre en charge les patients comme il faut"

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Séverine Mermilliod , modifié à
Le professeur Bruno Lina, ​professeur de virologie aux Hospices Civils de Lyon et chercheur au Centre international de recherche en infectiologie, s'est voulu rassurant lundi sur Europe 1. D'après lui, la France est prête à faire face à l'épidémie de coronavirus chinois.

Selon le dernier bilan des autorités chinoises, le nouveau coronavirus 2019-nCoV est déjà à l'origine de 80 décès et plus de 2.700 cas confirmés. Alors que l’épidémie s'étend, la ministre de la Santé Agnès Buzyn a tenu à rassurer dimanche en assurant que toutes les précautions sont prises en France. Le Professeur Bruno Lina, ​professeur de virologie aux Hospices Civils de Lyon et chercheur au Centre international de recherche en infectiologie, estime aussi que le système de prise en charge des patients en France est bon.

"Eviter les chaînes de transmission"

"On a investigué énormément de cas. On est amenés à éliminer pratiquement 20 cas pour un seul confirmé, ce qui est très rassurant puisque le système permet de retrouver les patients et de les prendre en charge comme il faut; et de dire à ceux qui ne l’ont pas 'ce n’est pas ça'", estime le professeur. Actuellement, trois cas sont confirmés en France, à Bordeaux et Paris.

Selon lui l'évolution de l'épidémie est très surveillée. “A l’intérieur de cette ville de Wuhan, qui est l’épicentre, on regarde quelle est la 'tendance au nombre de cas'. Si ce nombre de cas part en expansion, ça veut dire qu’il n’y a pas de contrôle de l’épidémie. Mais si au contraire le nombre de cas observés chaque jour est soit stable, soit plutôt à la baisse, cela signifie qu'il est possible de la maîtriser. Et si on maîtrise l’épidémie à Wuhan, on la maîtrisera pour l'ensemble de la planète", assure Bruno Lina. "C'est pour cela que l'enjeu sanitaire est très important, et que les Chinois ont mis ce cordon sanitaire autour d'autant de monde."

Environ 56 millions de personnes sont en quarantaine dans la région de Wuhan, avec des mesures d'interdiction de déplacements. En France, le système de santé s'est organisé pour "identifier tous les cas de façon à éviter que s’installent des chaînes de transmission à partir des cas importés", précise le virologue. "Aux Etats-Unis ou ailleurs, à chaque fois le patient est confiné, dans une structure hospitalière qui évite la transmission. Comme cela il ne se crée par de foyer en dehors des foyers centraux."

Aujourd'hui, "pas d'évolution du génome du virus"

S'il n'existe "pas de médicament spécifique" pour traiter le virus, Bruno Lina explique que plusieurs programmes de recherche sont en place sur le "développement d'antiviraux qui pourraient être utilisés si l’épidémie devait prendre de l’ampleur". Et que, "malgré tout, l’essentiel des patients guérissent tous seuls de cette infection". Autre point positif à ses yeux, il n'y a pas, aujourd'hui, "d’évolution du génome du virus". Si cela venait à changer, ce ne serait "pas forcément vers plus de dangerosité". D'après lui, les virus qui émergent à partir d'un réservoir animal "ont tendance à muter pour augmenter leur capacité de transmission, et ce faisant diminuent leur virulence".

Pour se protéger, le virologue rappelle que "si vous n’êtes pas malade, vous promener avec un masque ne diminuera pas forcément le risque" mais que "le lavage systématique des mains" est la mesure la plus efficace.