Hôpital : "Ce n'est pas le système, mais les personnels qui ont tenu bon"

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Antoine Cuny-Le Callet

Le gouvernement a annoncé dimanche un nouveau plan pour l'hôpital. Si ce-dernier a souvent été accueilli avec enthousiasme, le médecin infectiologue à la Pitié-Salpêtrière à Paris Alexandre Bleibtreu a  reproché avec virulence aux autorités sanitaires leur surdité face aux revendications des personnels hospitaliers.

Dimanche, le ministre de la Santé a annoncé la mise en place d'un nouveau plan pour l'hôpital, le "Ségur de la Santé", alors que les soignants luttent toujours contre l'épidémie de coronavirus. Si certains, comme l'infectiologue Éric Caumes, ont loué cette réaction du gouvernement et fait part de leur optimisme, d'autres craignent une énième désillusion. Médecin infectiologue à l'hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière, Alexandre Bleibtreu a partagé son indignation, dimanche au micro d'Europe 1 : "Le système de santé français, public et privé, n'a tenu que sur le dévouement et l'engagement des personnels", a-t-il déclaré. "Ce n'est pas le système qui a tenu bon, ce sont les personnels qui ont tenu bon."

Les annonces du gouvernement en faveur des soignants n'ont pas calmé la rancœur d'Alexandre Bleibtreu. Selon lui, les maux de l'hôpital sont connus depuis longtemps et communiqués par le personnel depuis déjà un an. Il ne manque d'ailleurs pas de rappeler que les infirmières et infirmiers français sont au 25e rang de l'OCDE en terme de rémunération.

"Insulte incroyable"

Il dénonce surtout le leitmotiv de l'exécutif véhiculant l'idée que la crise de l'hôpital est un legs malheureux des précédents quinquennats. "Je veux bien que monsieur Macron dise qu'il hérite d'une situation, mais je crois qu'il a été ministre lors du précédent quinquennat. Un ministre qui s'occupait d'une partie des finances", rappelle-t-il. 

Concernant les promesses de primes et de médailles pour les soignants, le médecin s'insurge une nouvelle fois : "Mes collègues de tout corps de métiers se sont battus pour leurs semblables, pour les humains dont ils avaient la charge, pas pour avoir une breloque et parader sur les Champs-Élysées." Alexandre Bleibtreu va jusqu'à parler d'une "insulte incroyable" et évoque les nombreuses exceptions qui pourraient empêcher l'attribution des primes.

"L'espoir fait vivre... On l'a bien vu, on a survécu à la première vague", scande-t-il encore, sceptique, et dans l'attente d'une réaction des autorités digne de ce nom. "Espérons que les choses changent (...) et que l'on ne soit pas déçu encore une fois", conclut-il.