Les soignants sont confrontés à une hausse du nombre de patients admis en réanimation. 1:20
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Jihane Bergaoui, édité par Antoine Cuny-Le Callet
Emmanuel Macron s'est rendu vendredi à l'hôpital et Pontoise pour manifester son soutien au personnel soignant. Au micro d'Europe 1 samedi, le médecin réanimateur Arnaud Chiche a néanmoins critiqué de façon véhémente l'action du gouvernement, selon lui trop tardive et souvent maladroite.
INTERVIEW

Les chiffres de contaminations continuent de progresser de manière inquiétante en France, au point que le pays a dépassé vendredi la barre du million de cas recensés de Covid-19. De plus 15% des tests réalisés reviennent positifs, contre seulement 4% le mois dernier. Alors que le couvre-feu a été étendu pour s’appliquer à 54 départements, le médecin réanimateur Arnaud Chiche dénonce un passage à l’acte tardif : "Le couvre-feu aurait dû être instauré il y a plus longtemps. Ce gouvernement est en retard, il ne travaille pas", s’est-il désolé au micro d’Europe 1.

Manque de courage politique ou atermoiements coupables ? Arnaud Chiche va jusqu’à comparer le gouvernement à un "enfant" peu discipliné : "Il essaye de compenser à la fin et il fait n’importe quoi. Il y a des choses qui sont faites, mais tout est fait en dépit du bon sens." Selon le médecin réanimateur, certaines régions manifestaient déjà les signes d’une flambée épidémique bien avant que le couvre-feu y soit décrété. C’est notamment le cas de l’Île-de-France ou des Hauts-de-France.

"On aurait pu démultiplier la capacité d'accueil en réanimation"

A l’heure où certains hôpitaux arrivent à saturation et où les premiers transferts de patients entre régions s’organisent, Arnaud Chiche estime que les forces de réanimations auraient pu être mieux réparties : "On aurait pu déployer les équipes de réanimation un peu partout, dans des unités avec des lits pour démultiplier la capacité d’accueil en réanimation. Mais évidemment ils n’ont pas travaillé, donc ils n’y ont pas pensé."

Le médecin parle surtout d’un virus amené à s’installer durablement dans notre quotidien. "Ça ne va jamais s’arrêter", lâche-t-il, peu optimiste. "Il va y avoir une crise 3, 4, 5, etc." Il appelle désormais la classe politique à investir massivement dans la santé. Dans le cas contraire, il prédit que la population devra vivre "au rythme des couvre-feux et des confinements".