Sommeil du nourrisson : le mode d'emploi des premières semaines

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Cécile de Sèze , modifié à
Le Dr Arnault Pfersdoff, pédiatre réanimateur et auteur du livre "Bébé, premier mode d’emploi", livre dans l'émission Sans rendez-vous ses conseils aux jeunes parents sur les premières semaines du nourrisson, notamment sur le sommeil.

Le retour de la maternité peut être un moment d'angoisse pour les nouveaux parents, et notamment l'étape du sommeil, qui peut être source d'inquiétude. Le docteur Arnault Pfersdoff, pédiatre réanimateur et auteur du livre Bébé, premier mode d’emploi (Hachette Famille), rappelle quelques bases pour éviter aux jeunes parents de paniquer, en répondant aux questions de Mélanie Gomez et Jimmy Mohamed, dans l'émission Sans-rendez vous.

 

 

Faut-il s'inquiéter des bruits que les bébés font en s'endormant ?

En premier lieu, le pédiatre insiste sur le côté inoffensif des bruits que font les bébés lorsqu'ils s'endorment. S'ils peuvent créer une angoisse chez les parents, qui peuvent alors penser que leur enfant s'étouffe, c'est au contraire "merveilleux", selon Arnault Pfersdoff qui encourage à profiter de ces moments rares.

"On assiste à cet apprivoisement des premiers jours, des premières heures aussi, déjà à la maternité. Il faut oublier tout son stress. Il faut observer, écouter son bébé. C'est tellement extraordinaire. [Ces bruits], il faut les enregistrer parce qu'ils vont vite partir, ils sont essentiels", insiste-t-il. Ces bruits de respiration, le bébé les fait parce qu'il "était dans un milieu liquide juste avant d'arriver" et qu'il faut "que tout se mette en route", poursuit le pédiatre. Il rappelle que le nourrisson s'adapte, apprend, et qu'il n'aura par exemple pas l'idée de respirer par la bouche si son nez est bouché, d'où l'importance de bien lui déboucher les narines.

Comment lutter contre la mort subite du nourrisson ?

Un nez bien débouché fait par ailleurs partie des conseils du médecin pour éviter le syndrome redouté de la mort subite du nourrisson, ou "le décès d’un nourrisson survenant brutalement alors que rien, dans les antécédents connus du nourrisson, ne pouvait le laisser prévoir", selon la définition donnée par l'Observatoire national de la mort inattendue du nourrisson (ONMIN). Il s'agit de la première cause de mortalité du nourrisson en France, et concerne encore 400 à 500 nourrissons chaque année en France. Selon Arnault Pfersdoff, cette cause de mortalité a diminué en France, notamment grâce aux "bonnes pratiques" de base qui ont permis de limiter les risques.

Ainsi, il est fortement conseillé par le pédiatre, en plus de bien dégager son nez, de "ne pas trop chauffer une pièce". Il est également recommandé de "faire dormir bébé sur le dos et non plus sur le ventre". "Pas de tabagisme passif et ne rien mettre dans son lit : pas de doudou, pas de tour de lit", suggère encore le médecin.

"Je l'ai déjà dit, il ne faut pas trop le couvrir", insiste-t-il. "Tous ces éléments ont fait qu'aujourd'hui, on a réduit de plus de la moitié, je crois que c'est 70%, les cas de mort subite dans notre pays et c'est tant mieux", se réjouit-il.

L'importance du choix du lit de l'enfant

Certains parents, pour se rassurer, vont investir dans des objets qui permettent de mieux surveiller leur enfant, comme des moniteurs de surveillance respiratoire qui se placent sous le matelas, en soutien du bon vieux baby-phone. Mais pour Arnault Pfersdoff, "le principe, c'est de mettre le moins d'appareils connectés dans la chambre d'un bébé". Quant aux moniteurs de surveillance, s'il n'est pas contre, il précise que c'est un dispositif "sur prescription", dans le cas où l'on "a affaire à un ancien prématuré ou ancien grand prématuré sous traitement". Dans le cas contraire, "ce n'est pas indispensable".

Par ailleurs, même si les parents ont eu le temps d'acheter plein de jouets et de peluches pour leur bébé, "la plus grande attention doit se porter sur le lit", insiste le médecin, notamment s'assurer d'un matelas conforme. Et surtout, "attention aux parents qui prennent des lits transmis par les grands-parents", prévient Arnault Pfersdoff, car "il peut y avoir de la peinture qui s'écaille, qui n'est plus aux normes, des perturbateurs endocriniens. J'attire beaucoup l'attention des parents là-dessus."

Le cododo oui, mais pas dans le lit des parents

Enfin, l'une des pratiques à éviter absolument, c'est de faire dormir le bébé dans le lit des parents. "Le cododo, c'est très bien, mais le cododo dans un lit propre à l'enfant", nuance Arnault Pfersdoff. S'il peut être plus rassurant pour les parents d'avoir l'enfant proche d'eux, de l'entendre respirer, et de pouvoir allaiter plus facilement pour la mère, il faut absolument éviter d'être dans le même lit que le bébé, au risque de l'étouffer. "Moi, j'ai eu deux enfants qui sont morts étouffés par un des deux parents qui s'est endormi sur lui", se souvient le pédiatre. "Il faut être prudent", martèle-t-il, en soulignant qu'il existe aujourd'hui des lits pour bébé qui s'attachent au lit des parents, ce qui offre une alternative possible et sans danger.