Ces maladies dont on ne se méfie pas mais qui tuent encore

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La tuberculose tue chaque année en France 900 personnes. Un traitement existe pourtant. © MUJAHID SAFODIEN / AFP
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Rage, peste, tuberculose... plusieurs maladies qu'on pense appartenir au passé tuent encore dans le monde. Et la France n'est pas épargnée.

La nouvelle a frappé les esprits : un enfant de 10 ans est actuellement hospitalisé après avoir été diagnostiqué de la rage. Mordu en août par un chien alors qu'il passait des vacances au Sri Lanka, il a été admis le 4 octobre au Centre national de référence de la rage à l'Institut Pasteur. Mardi, l'enfant était dans un "état critique" et son pronostic vital était engagé. Si, grâce à la vaccination et à une meilleure hygiène de vie, de nombreuses maladies mortelles ont reculé jusqu'à disparaître, d'autres résistent et tuent encore dans le monde.

#La rage

Un vaccin recommandé en cas de voyage. La France a été déclarée "indemne de rage" en 1970. Elle fait pourtant encore des victimes dans l'Hexagone. Depuis cette date en effet, 23 cas ont ainsi été comptabilisés chez des personnes ayant voyagé à l'étranger, dont certains ont été mortels. La rage est encore présente dans 150 pays et tue 59.000 personnes par an dans le monde, essentiellement après des transmissions par des animaux. C'est la raison pour laquelle le vaccin rabique, inventé en 1885 par Louis Pasteur, s'il n'est pas obligatoire, peut être recommandé aux touristes se rendant dans des zones sensibles (Asie, Afrique), surtout si ce sont des enfants.

Guérison seulement pendant l'incubation. Le virus, qui se manifeste notamment par une forte fièvre et des troubles neuropsychiatriques, est mortel dans presque 100% des cas. Une fois les symptômes déclarés, aucun traitement efficace n'existe. Seule la prise d'un vaccin pendant la période d'incubation empêche le développement de la maladie.

Chez des chiens importés. Aujourd'hui, le risque d'attraper la rage sur le territoire français est très infime. Le dernier cas enregistré dans l'Hexagone remonte à 1924. Un cas a été enregistré en Guyane en 2008. On estime cependant que des réservoirs de rage peuvent encore exister chez des animaux sauvages. Du côté des animaux domestiques, des cas de rage ont été détectés chez des chiens en provenance du Maroc en 2004 et 2008.

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#La tuberculose

900 morts par an en France. Chaque seconde qui passe, une personne dans le monde est infectée par le bacille de la tuberculose. Mais si chez l'immense majorité des sujets infectés la maladie ne se déclare pas, une partie d'entre eux va tomber malade, voire succomber. Chaque année, environ 10 millions de cas sont diagnostiqués, dont une bonne partie dans des pays à revenus faibles.

La France n'est pas épargnée par le bacille de Koch-qui se transmet par voie aérienne avant d'infecter les poumons- avec 5.000 cas par an dont 900 mortels. En mai dernier, un enfant de cinq ans est ainsi mort de tuberculose dans la Vienne. Le taux de déclaration, dans l'Hexagone, est particulièrement fort chez les SDF, les personnes incarcérées ou encore les malades du Sida rendus vulnérables par leur maladie.

Un traitement très long et des souches résistantes. La tuberculose se soigne pourtant depuis les années 1950. Une association d'antibiotiques permet de combattre le développement du bacille. Mais le traitement est long : de six mois à un an. Un traitement incomplet fait naître des souches résistantes, beaucoup plus difficiles à guérir. Un vaccin existe bien mais, efficace chez les enfants dans les cas de méningites tuberculeuses, il ne marche que dans 50% des cas pour les adultes. Insuffisant pour enrayer l'épidémie mondiale.

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#La diphtérie

Le vaccin contre la diphtérie, obligatoire en France, a transformé cette maladie en un lointain souvenir. Causée par trois espèces de bactéries, la diphtérie, qui infecte les voies respiratoires avant de paralyser le système nerveux, se transmet par voie aérienne ou par contact avec des animaux.

Hautement contagieuse, la diphtérie a quasiment disparu de l'Hexagone : depuis 2000, 21 personnes ont été diagnostiquées chez des personnes pas ou mal vaccinées. Le traitement, un sérum anti-diphtérique, doit être administré le plus rapidement possible pour augmenter les chances de survie. En 2015, un enfant de 6 ans, qui n'avait pas été vaccinés par ses parents par crainte des effets secondaires, est mort de cette maladie en Espagne.

#La rougeole

De la fièvre, de la toux et des petits boutons rouges qui grattent… la rougeole fait partie des maladies infantiles les plus connues car facilement reconnaissable. Sous ses apparences anodines, ce virus, qui se transmet très facilement par voie aérienne, peut pourtant être mortel notamment parce qu'aucun traitement n'existe.

Un vaccin efficace bientôt obligatoire. Un vaccin efficace existe cependant. Recommandé aujourd'hui en France, il deviendra obligatoire à partir de 2018. Le ministère français de la Santé ne fait que suivre les recommandations de l'OMS qui, ces dernières années, a alerté à plusieurs reprises sur le retour de cette maladie. Depuis les années 2000, plusieurs flambées ont en effet été enregistrées en Europe.

10 morts en France lors de la dernière épidémie. La France a ainsi été frappée par une épidémie entre 2008 et 2012 : 24.000 cas ont été diagnostiqués, dont 10 mortels. Plus récemment, entre août 2016 et août 2017, 31 morts ont été comptabilisées en Roumanie, alors que l'Allemagne et le Portugal ont enregistré un décès chacun. L'Italie, elle, a deploré 3.300 cas et deux morts. En cause : l'absence de vaccination ou bien une vaccination incomplète. Pour être efficace en effet, deux injections doivent être faites sur l'enfant.

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#La poliomyélite

Campagne de vaccination mondiale. La poliomyélite était, avant qu'un vaccin ne soit inventé, un véritable fléau de santé publique, touchant 600.000 enfants par an dans le monde. Ce virus, qui se transmet par voie féco-orale, agresse le système nerveux et provoque une rapide paralysie des membres. Une fois la maladie déclarée, aucun traitement n'existe. Si la maladie a désormais beaucoup reculé (101 cas dans le monde en 2015), c'est surtout grâce aux progrès de l'hygiène et à la généralisation de la vaccination dans le monde à partir de 1988, sur l'impulsion de l'OMS. Ainsi, des continents ont depuis été déclarés exempts de la maladie : l'Amérique en 1994, la région Pacifique incluant la Chine en 2000, l'Europe en 2002 et l'Asie du sud-est en 2014.

Attention aux virus sauvages. Grâce à la vaccination obligatoire contre la poliomyélite, le dernier cas en France remonte à 1992, mais des dizaines de milliers de personnes, âgées de plus de 60 ans, vivent encore dans l'Hexagone avec cette maladie lourdement handicapante. L'institut Pasteur avertit sur son site : quand des pays décident de négliger leur couverture vaccinale, la maladie revient souvent via des virus sauvages importés des pays où le virus est encore actif.

Le spectre mondial de la peste

Des cas récurrents aux Etats-Unis. 50 millions de morts, voilà le triste bilan des trois pandémies de peste qui ont frappé l'humanité dans le passé. Cette maladie a cependant beaucoup moins fait parler d'elle durant les 20ème et 21ème siècles grâce à l'apparition de traitements antibiotiques. Pourtant, l'OMS considère la peste, causée par une bactérie très virulente, comme ré-emergente, notamment à cause de souches résistantes. 50.000 cas ont été enregistrés entre 1990 et 2015. Si les 26 pays encore concernés par des cas humains sont essentiellement situés en Afrique, les Etats-Unis figurent aussi dans la liste avec plusieurs cas par an sur la côte ouest.

Des épidémies foudroyantes. La caractéristique de la peste est sa capacité à réapparaitre de manière foudroyante après des années, voir des décennies de disparition. Ainsi, des épidémies ont frappé soudainement le Pérou en 1993, l'Inde en 1994 ou encore Madagascar depuis 2016. En Jordanie, un cas autochtone a été diagnostiqué en 1997 après 80 années de silence. Idem en Algérie en 2003 après une période de 50 ans d'accalmie. En France, le dernier cas remonte à 1945 en Corse. En cas d'absence de traitement, la maladie est mortelle dans 30 à 60% des cas.