Des insectes dans votre assiette ? Oui, mais avec "prudence"

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Noémi Marois , modifié à
SANTÉ - Ils sont peut-être pleins de protéines mais comportent aussi plusieurs dangers, estime l'Anses dans un avis paru jeudi. 

Bourrés de protéines, remède à la malnutrition dans le monde… manger des insectes serait bon pour la santé et permettrait de relever le défi de nourrir une planète surpeuplée. Mais en réalité, il faudrait s'en méfier si on en croit l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation (Anses). Pour la première fois, elle publie jeudi un avis sur les dangers potentiels de ce qu'on appelle l'entomophagie. La pratique, répandue en Afrique ou en Amérique latine et qui se développe en France, doit se faire avec "prudence".

Risques sanitaires. L'amateur d'insectes doit ainsi faire attention aux possibles substances chimiques présentes dans le corps de l'animal, par exemple son venin ou encore des médicaments vétérinaires présents dans les élevages. Il doit aussi se méfier, avance l'Anses, des parties dures telles le dard ou encore le rostre, sorte de prolongement dur présent chez les charançons par exemple. Les insectes ingérés peuvent aussi être porteurs de parasites ou de bactéries particulières. L'Anses rappelle aussi que les criquets ou encore les sauterelles font partie de la famille des arthropodes, soit celle des animaux invertébrés. Ils sont donc porteurs des mêmes allergènes que les acariens, les crustacés ou encore les mollusques, auxquelsdes millions de personnes sont sensibles.

Réglementer l'élevage. Pratiquée par 2 milliards de personnes dans le monde, l'entomophagie, encore marginale en France, s'y développe cependant de plus en plus. Un des plus gros distributeurs d'insectes français, contacté par Europe 1, avance 100 points de vente dans l'Hexagone.

L'Anses réclame par conséquent un cadre réglementaire pour l'élevage des insectes, qui aujourd'hui ne fait l'objet d'aucune autorisation officielle de vente en France. Elle demande également d’"établir, au niveau communautaire, des listes positives et négatives des différentes espèces et stades de développement d’insectes pouvant ou non être consommés". Il serait aussi utile, selon elle, de "définir un encadrement spécifique des conditions d'élevage et de production des insectes", pour éviter tout risque sanitaire. 

Des lots retirés des rayons. La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) en appelle, pour sa part, à la réglementation européenne 258/97 dite "Novel Food". Ce texte impose à tout aliment, dont la consommation est "restée négligeable" avant 1997, l'obligation d'apporter la preuve de son innocuité avant sa mise sur le marché. Or, les insectes ne sont pas concernés par cette réglementation. Une nouvelle version du "Novel Food" est prévue pour 2016, sans qu'on sache pour le moment si les insectes en feront partie. Pour le moment, la DGCCRF avance qu'elle retire régulièrement des lots d'insectes du marché. 

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