Castex 2:21
  • Copié
Ugo Pascolo, Romane Hocquet, Hélène Terzian et Olivier Samain , modifié à
En annonçant un renforcement des effectifs de fonctionnaires dans les départements devant les députés, le Premier ministre Jean Castex a acté une nouvelle forme de décentralisation voulue par Emmanuel Macron, mais aussi par les territoires, notamment les départements. 
DÉCRYPTAGE

Il a qualifié cette mesure de "révolution". Lors de son discours de politique générale devant les députés ce mercredi, le Premier ministre Jean Castex a annoncé que toutes les créations d'emploi de fonctionnaires pour l'année 2021 se feront - sauf exception justifiée - dans les départements. Ces derniers se retrouvent donc au centre du plan de relance de l'emploi du gouvernement, après la crise du coronavirus

Une "différentiation" bientôt consacrée "dans une loi organique"

"Les territoires, c'est la vie des gens. Libérer les territoires, c'est libérer les énergies. C'est faire le pari de l'intelligence collective. Nous devons réarmer nos territoires", a insisté le chef du gouvernement à l'Assemblée nationale, en proposant par la même qu'un "droit à la différenciation" des territoires soit "consacré dans une loi organique". Et de poursuivre : "Je m'étais fait le défenseur, à l'occasion de la mission qui m'avait été confiée par le précédent gouvernement sur le déconfinement, du couple 'maire - préfet de département'. Notre intention est de rendre rapidement plus cohérente et efficace l'organisation territoriale de l'Etat, en particulier au niveau du département."

Une "nouvelle forme de décentralisation" donc, prônée déjà début juin par un Emmanuel Macron "favorable à ce qu'on ait plus de différenciation", mais également réclamée par les territoires. Le 8 juillet dernier, les collectivités rassemblées au sein de Territoires Unis (rassemblant les régions, l'Assemblée des départements et l'Association des maires de France) demandaient en effet à l'exécutif d'engager "un grand mouvement de décentralisation", pour tirer notamment les leçons de la crise sanitaire et permettre la relance économique.

Accueillie avec le sourire par certains présidents de départements...

Tel qu'il a été esquissé et en attendant davantage de détails, le changement de cap semble séduire les principaux concernés. Interrogé par Europe 1, le président du Loiret, Marc Gaudet (DVD), a qualifié l'annonce de Jean Castex de "main tendue" aux territoires, de "chance à saisir pour restaurer la confiance des Français". La crise sanitaire a montré que "les départements étaient aussi un échelon tout à fait pertinent pour gérer le quotidien", pointe-t-il, rappelant le rôle de ces derniers dans "l'approvisionnement en masse" des masques aux professionnels de santé, et aux établissements médico-sociaux pendant la crise.

Dans le département voisin du Loir-et-Cher, le président Nicolas Perruchot (LR) se dit "heureux de voir que le Premier ministre estime qu'il faut s'appuyer sur les territoires pour gagner en efficacité". "Si demain une décision nous arrive de Paris doit être la même pour tous, on ratera l'objectif", indique-t-il au micro d'Europe 1. "C'est là où l'État doit essayer à la fois de gagner en souplesse et en agilité, tout en nous aidant éventuellement à le faire avec intelligence", poursuit-il. Et de conclure : "Les départements n'ont pas tous les mêmes besoin au même moment, et nous savons où ils se trouvent".

... mais des interrogations subsistent 

S'il admet que la mesure du Premier ministre "n'est pas une mauvaise idée en soi", le secrétaire général de la Fédération générale des fonctionnaires Force ouvrière, Christian Grolier, se montre de son côté assez dubitatif, pointant au micro d'Europe 1 des "interrogations" et des "paradoxes". "Est-ce qu'on arrête de supprimer des postes ? Est-ce qu'il s'agit de vraies créations d'emploi ou d'un redéploiement ?", se demande-t-il.

Sans oublier que si Jean Castex veut renforcer les effectifs dans les départements, faut-il y voir un arrêt de "la réforme territoriale, c'est-à-dire la volonté de fusionner des directions départementales et régionales ?" Autant de questions qui restent pour l'heure sans réponse.