Sur l'immigration, une députée Horizons pointe les «limites» du «en même temps»

Naima Moutchou
Naima Moutchou, vice-présidente de l'Assemblée nationale, a annoncé prendre ses distances avec plusieurs mesures du projet de loi immigration. © Xose Bouzas / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
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avec AFP
La vice-présidente de l'Assemblée Naïma Moutchou, du groupe Horizons, a annoncé prendre ses distances avec plusieurs mesures du projet de loi immigration. Elle se dit notamment "défavorable" à l'article qui prévoit de régulariser certains travailleurs sans-papiers employés dans des "métiers en tension".

La vice-présidente de l'Assemblée Naïma Moutchou, du groupe Horizons, prend ses distances dimanche avec plusieurs mesures du projet de loi immigration, apportant de l'eau au moulin de la droite en estimant à propos de l'article 3 que "le 'en même temps' sur ce sujet montre ses limites". "Sur le plan intellectuel", Naïma Moutchou se dit "défavorable" à cet article qui prévoit de régulariser certains travailleurs sans-papiers employés dans des "métiers en tension", dans un entretien au Figaro.

"Il n'y a rien d'évident à considérer que le maintien irrégulier de travailleurs clandestins sur le territoire pourrait ouvrir des droits", estime la députée membre de la majorité, y voyant aussi "une forme d'encouragement à l'immigration clandestine". Si elle sera "attentive à une rédaction nouvelle de cet article", la députée n'en fait cependant "pas un totem car (elle) souhaite in fine que le texte soit voté".

Favorable pour "transformer l'aide médicale d'État en aide médicale d'urgence"

Naïma Moutchou se dit aussi "favorable à l'idée de transformer (...) l'aide médicale d'État (AME) en aide médicale d'urgence (AMU), comme proposé par les sénateurs LR". Elle invite à "s'interroger sur les conditions du regroupement familial". Et elle estime que l'article 4, qui "donne la possibilité à certains demandeurs d'asile de travailler immédiatement sur le territoire (...) pose question". "Le droit européen ne l'exige pas et aucun autre pays ne le pratique en Europe. Est-ce vraiment nécessaire ?", demande la députée, membre du parti de l'ancien Premier ministre Edouard Philippe.

 

De manière générale, elle juge que si le texte présenté par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin est "indispensable", il n'est "pas suffisant pour affronter tous les défis de la société". Elle se prononce en faveur d'une "immigration choisie, pas subie", et prône comme LR l'exemple danois. "Ils ont admis qu'ils ne pouvaient pas combiner l'ouverture des frontières avec un modèle social généreux et l'absence d'un projet de partage de valeurs communes. Ce débat, nous devons aussi l'avoir en France", soutient-elle.

Le projet de loi sur l'immigration arrive dans l'hémicycle du Sénat le 6 novembre. Plusieurs ténors de droite se sont relayés cette semaine pour en souligner les limites, faisant douter plus que jamais de la possibilité pour le gouvernement de trouver une majorité sur ce texte.