Lancé lundi, le "Ségur de la santé" doit mettre un terme à des années de disette à l'hôpital public. (Photo d'illustration) 1:03
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Eve Roger, édité par Ugo Pascolo , modifié à
En relevant le défi inédit de la crise du coronavirus, les soignants ont trouvé un argument de poids pour obtenir du gouvernement leurs revendications. Alors qu'ils ont été portés en héros de la nation, le gouvernement sait que son "Ségur de la santé" ne doit pas se transformer en échec. 

Les soignants n'ont plus rien à prouver, alors que le gouvernement doit lancer lundi matin le "Ségur de la santé", un nouveau plan qui doit mettre un terme à des années de disette dans l'hôpital public, qui criait déjà sa colère et son désespoir déjà des mois avant la crise sanitaire sans précédent du coronavirus. Mais cette fois-ci, après dix plans en trois ans jugés insuffisants, les professionnels du secteur sont en position de force.

Un hommage national et des médailles

À bout de souffle depuis plusieurs mois, les médecins, urgentistes, infirmières ou encore aide-soignants du public ont un argument de poids : ils ont relevé le défi du Covid-19. Portés en héros de la nation jusqu'au plus haut niveau de l'Etat, Emmanuel Macron souhaitant même un hommage national le 14-Juillet et des médailles, ils exigent que cette nouvelle aura se traduise en chiffres, notamment sur leur compte en banque, mais pas seulement.

De nombreuses revendications

En plus d'une revalorisation salariale, déjà promise par le ministre de la Santé Olivier Véran, les soignants exigent plus d'effectifs dans les services, et aussi plus de lits disponibles. Mais l'hôpital public veut également changer de patrons, en élargissant le profil de ceux qui les dirigent depuis 10 ans. Des gestionnaires qui ne doivent plus être des "technocrates" dans leur tour d'ivoire, mais des personnes associées aux médecins et aux patients. Des attentes très élevées, tout comme la difficulté du défi relevé, et une pression sur les épaules du gouvernement qui est attendu au tournant. 

Un gouvernement qui n'a pas le droit à l'échec

Et il le sait. Preuve en est la présence, outre celle du ministre de la Santé Olivier Véran, du Premier ministre Édouard Philippe pour donner le coup d'envoi de ce plan de la dernière chance. Un lancement qui se fera en visio-conférence, mesures sanitaires obligent, face à quelque 200 membres du monde hospitalier. Mais c'est à partir de mardi que les véritables sujets seront mis sur la table : temps de travail, financement, articulation avec la médecine de ville...

Des négociations de longue haleine qui seront animées par l'ancienne patronne de la CFDT, Nicole Notat, jusqu'à la mi juillet. Car il faut faire vite, pour que la hausse des salaires soit inscrite au projet de loi de finances rectificatif de la Sécurité sociale.