Second tour de la présidentielle : le FN contraint un maire breton à retirer une exposition sur la Shoah

L'exposition se trouvait trop près du bureau de vote selon le FN (illustration).
L'exposition se trouvait trop près du bureau de vote selon le FN (illustration). © JEFF PACHOUD / AFP
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avec AFP
Au nom "de la neutralité politique", le FN a demandé à un maire du Morbihan de retirer de la salle communale une exposition sur la Shoah le jour du second tour de la présidentielle.

Le maire de Ploeren, dans le Morbihan, s'est vu contraint de retirer une exposition sur la Shoah dans une salle culturelle de sa commune le jour du second tour de la présidentielle, à la demande du Front national qui réclamait "la neutralité politique" à l'occasion du scrutin. Prêtée par l'Office national des anciens combattants et victimes de guerre (Onacvg) du Morbihan, cette exposition était intitulée "Désobéir pour sauver, des policiers et des gendarmes français Justes parmi les nations". Elle rendait hommage à ces fonctionnaires et militaires qui "ont, pour la première fois dans leur carrière, renoncé à l'obéissance que leur imposait leur fonction" et ont notamment "refusé de livrer des juifs à la déportation", souligne un document de présentation de l'Onacvg.

L'exposition jouxtait le bureau de vote. À Ploeren, l'exposition était présentée dans un hall de l'espace culturel de la commune, lequel abritait aussi des bureaux de vote. Mais ce hall était "situé en dehors" de ces bureaux, a précisé un communiqué du maire transmis mercredi. Dimanche, Bertrand Iragne, le secrétaire départemental du Front national, prévenu "par des électeurs" a-t-il dit, a demandé au maire que l'exposition soit retirée. "Je suis intervenu au nom de la neutralité politique", a-t-il expliqué. Iragne. Au cours de la campagne électorale, la candidate du FN Marine Le Pen a été au cœur d'une vive polémique après avoir dit que la France n'était "pas responsable" de la rafle du Vel d'Hiv.

"Déni de faits et vérités". "Pour ne pas créer d'incident inutile, j'ai retiré l'exposition, pour la remettre dès la fin de l'élection", a indiqué le maire de Ploeren, Gilbert Lorho, dans son communiqué. Il a souligné cependant qu'il n'avait pas vu en quoi cette exposition aurait pu influer le vote des Ploerinois. Il y a en outre exprimé son "indignation" "contre de telles pratiques qui reposent sur le déni de faits et vérités historiques établies et reconnues, sur les mensonges les plus gros, les menaces, l'agressivité et la démolition". Bertrand Iragne a de son côté qualifié de "louable" une telle exposition, "mais en revanche sur un autre lieu ou un autre jour" (...), "le cadre électoral voulant qu'il y ait une neutralité totale".