Revue nationale stratégique : ce qu'il faut retenir de l'allocution d'Emmanuel Macron à Toulon

Emmanuel Macron a présenté les grands axes de la politique stratégique de la France ce mercredi à Toulon.
Emmanuel Macron a présenté les grands axes de la politique stratégique de la France ce mercredi à Toulon. © ERIC GAILLARD / POOL / AFP
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avec AFP , modifié à
Ce mercredi, le président de la République Emmanuel Macron a énoncé les principaux axes de la politique de défense de sécurité de la France. Depuis Toulon, il a également annoncé officiellement la fin de l'opération Barkhane au Sahel. Voici tout ce qu'il faut retenir de la prise de parole du chef de l'État. 

Forces nucléaires françaises, stratégie tricolore en Afrique... Ce mercredi, Emmanuel Macron a balayé un large panel de sujets lors d'une allocation prononcée depuis Toulon dans le Var. Le chef de l'État a dressé les grandes lignes de la politique de défense et de sécurité de la France dans les années à venir. Voici tout ce qu'il faut retenir de sa prise de parole. 

Dissuasion : les forces nucléaires françaises "contribuent" à la sécurité de l'Europe

Le président de la République l'assure, la dissuasion nucléaire tricolore "contribue" à maintenir la sécurité en Europe. "Aujourd'hui plus encore qu'hier, les intérêts vitaux de la France ont une dimension européenne. Nos forces nucléaires contribuent donc par leur existence propre à la sécurité de la France et de l'Europe", a-t-il déclaré. 

"Gardons-nous d'oublier que la France a bien la dissuasion nucléaire et gardons-nous parfois de dramatiser quelques propos", a-t-il ajouté. Le 12 octobre, le chef de l'Etat avait jeté le trouble en déclarant sur la chaîne France 2 qu'une frappe nucléaire "dans la région" de l'Ukraine, sous-entendu potentiellement dans des pays européens membres de l'Otan, ne relevait pas des "intérêts fondamentaux" de la France.

"Notre doctrine repose sur ce qu'on appelle les intérêts fondamentaux de la nation, et ils sont définis de manière très claire. Ce n'est pas du tout cela qui serait en cause s'il y avait une attaque balistique nucléaire en Ukraine ou dans la région", avait-il dit. 

Il a également décrit une France "respectée pour son statut doté de l'arme nucléaire, moteur de l'autonomie stratégique européenne, allié exemplaire dans l'espace euro-atlantique, une partenaire fiable et crédible". L'ambition de la France, c'est d'être "une puissance au coeur de l'autonomie stratégique européenne, avec un fort ancrage atlantique mais aux avant-postes et au pivot du monde", a-t-il insisté. 

La stratégie française en Afrique "finalisée d'ici six mois" 

La nouvelle stratégie de la France en Afrique sera finalisée d'ici six mois après consultations avec ses partenaires sur le continent, a annoncé Emmanuel Macron, confirmant ainsi la fin de l'opération antidjihadiste Barkhane au Sahel

 

"Nous lancerons dans les prochains jours une phase d'échanges avec nos partenaires africains, nos alliés et les organisations régionales pour faire évoluer ensemble le statut, le format et les missions des actuelles bases militaires françaises au Sahel et en Afrique de l'Ouest", a-t-il déclaré en présentant la nouvelle stratégie française en matière de défense.

"Cette stratégie sera finalisée d'ici 6 mois (...). C'est indispensable et c'est une des conséquences que nous tirons de ce que nous avons vécu ces dernières années dans toute la région du Sahel", a-t-il expliqué.

"L'influence" sera une "fonction stratégique de la France"

Emmanuel Macron a annoncé mercredi que "l'influence" va être érigée au rang de "fonction stratégique" dans la Défense de la France, dans un contexte de durcissement de la lutte informationnelle dans le monde. 

"Nous ne serons pas des spectateurs patients", assistant à la propagation de fausses informations ou de narratifs hostiles à la France, et "convaincre fait partie clairement des exigences stratégiques", a déclaré le président français annonçant que ce combat sera doté de "moyens substantiels".

"Il nous revient ainsi de penser la promotion" de l'action de la France, "sans orgueil, mais sans inhibition malvenue", a-t-il ajouté en présentant les priorités stratégiques de la France. La France devra savoir "détecter sans délai" ces formes de guerre hybride qui sont menées contre elles, les "entraver" et "à notre tour, mais à la manière d'une démocratie, la devancer, en user à notre profit dans les champs numériques et physiques".

"Une attitude qui serait seulement réactive, voire défensive pourrait passer pour une forme de passivité, ce ne sera pas la nôtre", a ajouté Emmanuel Macron. "Aussi, l'influence sera-t-elle désormais une fonction stratégique, dotée de moyens substantiels", a-t-il dit, précisant que cela se ferait au niveau interministériel, avec "pour sa déclinaison internationale, un rôle central du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères".

Macron veut "renforcer les liens avec l'Allemagne" et espère "des avancées décisives" 

Emmanuel Macron a également plaidé mercredi pour "renforcer les liens avec l'Allemagne" en matière de défense, espérant même des "avancées décisives dans les prochaines semaines". Qualifiant l'Allemagne de "partenaire indispensable", le chef de l'Etat a assuré que "de l'équilibre de notre partenariat dépend (...) pour partie la réussite du projet européen". "Nos forces sont faites pour se combiner", a-t-il ajouté, alors que Paris et Berlin ont tenté fin octobre de relancer le moteur franco-allemand après une série de différends.

Un sommet franco-britannique prévu début 2023

La France et le Royaume-Uni tiendront un sommet sur les questions de défense au premier trimestre 2023, a annoncé mercredi Emmanuel Macron, appelant à renforcer la relation. "Notre partenariat avec le Royaume-Uni doit aussi être porté à un autre niveau et je souhaite que nous reprenions activement le fil de notre dialogue sur les opérations, les capacités, le nucléaire et le domaine hybride et renouer avec l'ambition qui sied à nos pays amis et alliés", a déclaré le chef de l'État