Nicolas Baverez, économiste et historien, était l'invité d'Europe Matin mercredi. 6:01
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Laura Laplaud , modifié à
Faut-il arrêter de parler de couple franco-allemand ? Alors qu'Emmanuel Macron reçoit le chancelier Olaf Scholz à l'Élysée ce mercredi dans un contexte tendu entre les deux pays, Nicolas Baverez, économiste, historien et éditorialiste, invité d'Europe Matin ce mercredi a affirmé que cette appellation cachait une dépendance de la France à l'Allemagne.

Rien ne va plus entre Paris et Berlin ? C'est ce qu'affirme Nicolas Baverez, économiste et historien, dans le journal Le PointEmmanuel Macron reçoit ce mercredi à l'Élysée son homologue allemand Olaf Scholz. Une rencontre qui s'effectue dans un contexte tendu entre la France et l'Allemagne, sur fond de guerre en Ukraine et d'impact pour leurs économies. "La France est terriblement affaiblie, sur le plan économique, sur le plan financier, elle dépend de l'Allemagne, c'est grâce à l'Allemagne et à l'Euro qu'on ne se retrouve pas dans la situation de panique financière du Royaume-Uni", a-t-il déclaré mercredi au micro d'Europe 1.

"La France essaye de cacher sa dépendance à l'Allemagne"

"Cette appellation de couple franco-allemand est une appellation française. La France, en Europe, essaye de cacher sa dépendance à l'Allemagne avec l'appellation de couple franco-allemand, c'est largement un mythe", a-t-il ajouté au micro d'Europe 1.

L'Allemagne a annoncé un plan massif de soutien énergétique de 200 milliards d'euros, visant à plafonner les prix de l'énergie et soulager les consommateurs allemands face à l'inflation. Si l'Allemagne défend ses intérêts, Paris soupçonne Berlin de faire cavalier seul. "C'est vrai que l'Allemagne défend ses intérêts mais on ne voit pas pourquoi on peut la critiquer", a-t-il soutenu tout en reconnaissant que les 200 milliards d'euros annoncés sont une "nouvelle dévaluation compétitive" qui créeront forcément des "problèmes de distorsions majeures" et "une vraie menace pour l'industrie des autres pays". La sortie unilatérale du nucléaire ainsi que le dieselgate ont déjà mis la France dans une situation extrêmement compliquée, ajoute l'éditorialiste.

"La France n'est pas naïve, elle est faible"

"La France semble naïve, mais en réalité, elle n'est pas naïve, elle est faible", a-t-il lancé au micro d'Europe 1. "Pourquoi on n'arrive pas à défendre nos intérêts ? Parce qu'elle est considérablement affaiblie et parce qu'on est dans une situation de dépendance vis-à-vis de l'Allemagne. On a maintenant un rapport entre les deux économies : il y a 15% d'écart de richesse entre un Français et un Allemand. Pourquoi les Allemands peuvent-ils engager 200 milliards d'euros ? Parce que leur dette est à 70% du PIB. Pourquoi est-ce qu'on ne peut pas le faire ? Parce que notre dette est à 112,5% du PIB", a-t-il précisé. "Ce qu'il faut aujourd'hui, c'est reconstruire un modèle français adapté au 21e siècle", a-t-il conclu.