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Jacques Serais , modifié à
Ce lundi matin, le gouvernement a adopté la réforme des retraites autour d'Emmanuel Macron en Conseil des ministres, alors que le texte a mobilisé plus d'un million de personnes dans les rues jeudi dernier. Si l'exécutif se dit à l'écoute, il ne semble pas disposé à bouger l'âge de départ, fixé à 64 ans.

Les ministres étaient au grand complet ce lundi matin à 10 heures autour d'Emmanuel Macron pour la présentation du projet de loi de la réforme des retraites. Quatre jours après la mobilisation de plus d'un million de Français dans les rues contre ce texte, l'exécutif se dit à l'écoute. Mais pas question pour autant de bouger l'âge de départ à 64 ans. La réforme a donc été été adoptée en Conseil des ministres.

À Matignon comme à l'Élysée, la ligne est la même : "pas de changement de cap", insiste-t-on dans l'entourage d'Élisabeth Borne. "On ne va pas se mettre fébrilement à vouloir changer des choses", explique un conseiller.

"Il faut pouvoir avancer", affirme Emmanuel Macron

Même assurance chez Emmanuel Macron, dimanche soir, en clôture du Conseil des ministres franco-allemand. "Nous savons à peu près et même exactement les besoins qui sont les nôtres. Ils sont connus et le mandat qui était le mien était à 65 ans horizon 2031. Nous l'avons aménagé et nous mettons 64 ans. Il y a déjà eu une ouverture, un changement, mais je crois que là, maintenant, il faut pouvoir avancer et s'engager à ce que le gouvernement puisse faire son travail avec le Parlement avec sérénité, la volonté de convaincre et de faire avancer le pays." Le locataire de l'Élysée affirme que les parlementaires pourront aménager cette réforme.

Un âge de départ que le ministre du Travail, Olivier Dussopt, confirme lundi après-midi, concédant ce premier "aménagement". "C'est un des éléments de la réforme qui garantit le retour à l'équilibre, donc c'est tout à fait fondamental, et c'est un point sur lequel nous savons qu'il y a un désaccord avec les organisations syndicales", affirme-t-il, mettant en avant que le gouvernement ne veut pas "manquer de responsabilités pour les générations futures".

"Le compromis, ce n'est pas l'immobilisme"

Lors de ses vœux à la presse lundi après-midi, la Première ministre Élisabeth Borne s'est également montrée intransigeante sur ce cap. "Le compromis, ce n'est pas l'immobilisme", défend la cheffe du gouvernement, déterminée à faire appliquer cette réforme et ajoutant qu'elle n'ignorait pas le mouvement social du jeudi 19 janvier. Elle espère désormais que le débat sera lisible au Parlement, projet contre projet, et que cela permettra d'enrichir le texte.

Toutefois, certains points apparaissent comme non négociables, comme la durée de cotisation fixée à 44 ans pour ceux qui ont commencé à travailler entre 16 et 18 ans. "Oui, ces personnes cotiseront une année de plus", concède Élisabeth Borne, "mais il faut aussi dire qu'elles partiront quatre ans avant les autres", insiste-t-elle.

La locataire de Matignon est aussi revenue sur la proposition des députés du MoDem d'allonger la durée de travail hebdomadaire de 35 heures à 35 heures et 30 minutes. "Je suis contente de voir qu'il y a beaucoup de créativité et de réflexion au MoDem", s'amuse-t-elle. En réalité, le gouvernement n'a aucune intention d'ouvrir un débat sur les 35 heures. Élisabeth Borne admet au passage que le système de retraites français est complexe. "Je suis allée dans une réunion publique la semaine dernière, et j'ai découvert le régime des buralistes", explique-t-elle devant la presse.

Après le Conseil des ministres, le texte atterrira lundi prochain en commission des Affaires sociales de l'Assemblée, avant d'être débattu dans l'hémicycle à partir du 6 février.