L'exécutif se prépare à une semaine de mobilisation. 1:35
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Jacques Serais , modifié à
À quelques jours de la première journée de mobilisation contre la réforme des retraites, difficile de savoir quel sera l'ampleur du mouvement de jeudi prochain. Du côté de l'exécutif aussi, c'est pour le moment la grande inconnue. Si le renseignement territorial travaille sur une note, selon le sondage de l'institut Elabe, 46% des Français se disent prêts à se mobiliser dans les semaines à venir.

Une semaine à haut risque pour le gouvernement. Les patrons des huit principaux syndicats appellent à manifester massivement contre la réforme des retraites. À gauche comme à droite, l'opposition promet l'enfer et le gouvernement s'attend à une semaine explosive. Fabien Roussel, le secrétaire du parti communiste français, a fixé le seuil d'un million de manifestants pour que cette mobilisation soit une réussite. Mais quelle sera l'ampleur du mouvement ? C'est la grande inconnue pour l'exécutif.

46% des Français prêts à se mobiliser

Les dés sont jetés depuis la présentation de la réforme. La question de l'importance du mouvement de contestation est au cœur des préoccupations de la Macronie. Une question sans réponse jusqu'à présent, "nous n'avons aucune visibilité sur ce qu'il se passe jeudi, on ne peut pas anticiper", confesse un conseiller. C'est pourquoi le discours au sein du gouvernement commence peu à peu à changer. Si le porte-parole, Olivier Véran, expliquait mercredi ne pas se projeter dans l'idée d'une mobilisation massive, désormais, des ministres comme Olivier Dussopt avance qu'il y aura du monde. 

Certains sondages ne vont pas pour rassurer l'exécutif, comme celui de l'institut Elabe, selon lequel 46 % des Français se disent prêts à se mobiliser dans les semaines à venir. Selon le sondage de l'Ifop pour le JDD, 68% des Français se disent opposés à cette réforme. Et cela instille une certaine tension.

Seule une poignée de ministres a reçu le feu vert de l'Élysée pour aller défendre la réforme sur les plateaux de télévision et dans les studios de radio. La réforme technique, une erreur d'explication ou un dérapage dans une interview pourrait enflammer le débat. "Il s'agit de ne pas provoquer la moindre étincelle avant la mobilisation de jeudi", confie un stratège macroniste.

Emmanuel Macron au pied du mur

Reste que depuis la rentrée de septembre, même contre la réforme de l'assurance chômage, il n'y a pas eu de grand mouvement de fronde sociale. C'est pourquoi le gouvernement est beaucoup plus attentif aux actions coordonnées par de petits groupes. Les blocages de dépôts de carburant à l'automne dernier ou la grève des contrôleurs à la SNCF à Noël ont laissé des traces. Mais l'Élysée, Matignon ou encore Beauvau devraient rapidement savoir à quoi devrait ressembler cette première journée de mobilisation. Le renseignement territorial est mobilisé et travaille en ce moment sur une note. Le secrétaire national du Parti communiste, Fabien Roussel, a lui fixé la barre à un million de manifestants jeudi dans la rue.

Emmanuel Macron sera à Barcelone ce même jour pour un sommet franco-espagnol. Une manière de laisser du champ à sa Première ministre, de prendre de la distance et d'instiller l'idée que cette réforme se fera quoi qu'il en coûte. Le président, de toute façon, est au pied du mur. Il joue sa crédibilité et sa capacité à gouverner pour les quatre prochaines années.