Réforme de l'assurance chômage : "Le sujet n'est pas de modifier le cœur du système", assure Pénicaud

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R.Da. , modifié à
La ministre du Travail Muriel Pénicaud a renouvelé au micro d'Europe 1 mardi son intention d'élargir l'assurance-chômage aux profils en reconversion professionnelle.
INTERVIEW

Le gouvernement entend s'attaquer à l'assurance-chômage. Face aux craintes des partenaires sociaux, Muriel Pénicaud, la ministre du Travail, a déjà assuré qu'il n'y aurait pas de changement dans le montant et la durée de l'indemnisation. "Le sujet n'est pas de modifier le cœur du système", répète-t-elle mardi au micro de Patrick Cohen dans Europe Matin.

"Par contre, nous pensons qu'aujourd'hui il y a des sécurités qui manquent. L'assurance-chômage est un filet de sécurité pour nos concitoyens. Aujourd'hui ça a été conçu par statut et ça n'est pas lié à la personne. Ça veut dire que quelqu'un qui est salarié aujourd'hui, et qui demain devient entrepreneur ou micro-entrepreneur - et il y en a beaucoup […] -, ces concitoyens-là ne sont pas protégés en terme d'assurance chômage", pointe la responsable gouvernementale.

S'adapter aux bouleversements du monde professionnel 

"Ce que l'on veut, c'est un filet de sécurité qui marche quel que soit votre situation dans la vie. Il faut que l'on puisse élargir le filet de sécurité. Aujourd'hui, en France, si vous changez de statut vous tombez dans un trou", explique encore Muriel Pénicaud. "Je pense qu'il faut accompagner la personne dans la formation, dans l'assurance-chômage, quelle que soit son évolution dans la vie", plaide cette ancienne directrice générale des ressources humaines chez Danone. "On ne travaille plus à vie dans la même entreprise, ni dans le même métier, ou alors il a tellement changé qu'il faut se former en continue. Il faut être fluide là-dessus et que l'on puisse accompagner chacun."

 

Vers une taxation des contrats courts

Pour freiner la précarisation du marché du Travail, le gouvernement penche notamment vers une surtaxation des contrats courts pour les entreprises. Une hypothèse qui a fait bondir le patronat. "Aujourd'hui, 85% des salariés travaillent en CDI, ce qui est quand même beaucoup mieux à des tas d'égards, notamment pour avoir une autonomie et trouver un logement, avoir une sécurité. Mais 80% des offres sont en CDD et en intérim", constate Muriel Pénicaud. "On a un taux de précarité plus élevé que d'autres pays. Bien sûr, il y a toujours une flexibilité, il y a des besoins immédiats, mais il y a des entreprises qui recourent de façon excessive à des emplois précaires. Tout cela c'est l'argent de tout le monde, il est mutualisé. On veut donc que ceux qui vont plus vers l'emploi en CDI payent moins d'assurance-chômage, et inversement", déclare-t-elle.

Un meilleur contrôle des demandeurs d'emploi ? 

Alors que le Medef réclame un meilleur contrôle des demandeurs d'emploi touchant l'assurance-chômage, Muriel Pénicaud prévient que cela ne pourra se faire que si l'encadrement proposé pour les accompagner vers le retour à l'emploi se montre à la hauteur. "Il faut à la fois plus aider, et mieux contrôler. Le contrôle a du sens si le chômeur on lui propose très vite une perspective, un bilan de compétence, une formation", estime-t-elle. "La très grande majorité des demandeurs d'emploi n'a qu'un but : trouver un emploi. Il y a une minorité de gens qui abusent, qui fraudent. Tout le monde comprend que c'est de l'intérêt général de les contrôler", conclut-elle.

>>> Retrouvez ci-dessous l'intégralité de l'interview de Muriel Pénicaud par Patrick Cohen :