Réforme constitutionnelle : "Il faut encore amplifier les droits du Parlement", estime Jack Lang

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L'ancien ministre socialiste estime que le "Parlement français est encore trop contraint", alors que l'exécutif lance sa réforme constitutionnelle.
INTERVIEW

Il a été, en 2008, le seul socialiste à soutenir la révision constitutionnelle proposée par Nicolas Sarkozy. "Je continue à être fier et heureux d'avoir participé à cette réforme ample qui a ouvert la voie à une véritable démocratisation de nos institutions", se félicite encore Jack Lang, invité jeudi de la matinale d'Europe 1. Et alors que le Premier ministre Edouard Philippe a entamé mercredi les consultations sur la réforme des institutions promise par Emmanuel Macron, Jack Lang estime que le poids du Parlement en France doit encore être renforcé au nom de la démocratie. "Le chemin vers la démocratisation n'a pas été entièrement emprunté. Des avancés considérables sont été faites en 2008 grâce à l'impulsion de Nicolas Sarkozy et d'Edouard Balladur. Mais si nous voulons aller dans la bonne direction, il faut amplifier encore, en particulier sur le plan du renforcement des droits du Parlement", plaide-t-il.

Plus de libertés pour les parlementaires. "Le Parlement français est encore trop contraint", déplore l'ancien ministre de la Culture de François Mitterrand, qui souhaite notamment que l'Assemblée nationale puisse décider elle-même de son ordre du jour, que les commissions d'enquête soient plus libres ou encore que l'autorisation préalable du Parlement soit requise pour les opérations extérieures.

Le non-cumul des mandats. Parmi les grandes lignes de la réforme voulue par Emmanuel Macron, et qui soulève en particulier l'ire de la droite sénatoriale : la limitation à trois mandats consécutifs pour les députés, sénateurs et présidents d'exécutif local. "Je suis partagé sur ce sujet. Je n'ai pas de philosophie particulière. [...] Il y a eu de grands personnages dans l'histoire de la République qui ont fait cinq ou six mandats, je pense à Clemenceau ou à François Mitterrand", relève Jack Lang qui a lui-même été quatre fois député, d'abord dans le Loir-et-Cher puis dans le Pas-de-Calais.

" Une dose de proportionnelle… pourquoi pas ? Mais ça ne changera pas grand-chose "

Une proportionnelle intégrale. Autre mesure phare de la réforme annoncée : l'instauration d'une dose de proportionnelle. Jack Lang, de son côté, y voit un choix d'opportunité. "Et en même temps, j'irai beaucoup plus loin. Je suis presque le seul de mon avis, mais je suis pour la proportionnelle intégrale comme on l'avait pratiquée en 1986. Ça avait donné une majorité intégrale à Monsieur Chirac, devenu Premier ministre, et les minorités étaient bien représentées", veut-il rappeler. "Une dose de proportionnelle… pourquoi pas ? Mais ça ne changera pas grand-chose", ajoute celui qui est aussi professeur de droit public.

Le référendum, une hypothèse "brutale". Alors qu'Emmanuel Macron a agité la menace d'un référendum pour faire passer sa réforme malgré l'opposition de la droite, Jack Lang estime qu'il serait plus avisé, dans le respect des institutions, de tenter de convaincre les parlementaires. "On peut y arriver, on y est bien arrivé en 2008", clame-t-il. "La Constitution, c'est la maison commune de la République, le bien commun des Français. On doit tout faire pour essayer d'obtenir un assentiment assez général au sein des deux assemblées pour une réforme qui fasse consensus. On ne peut pas imposer un vote brutalement", estime Jack Lang.