François Bayrou compte bien instaurer la proportionnelle, comme il le défend depuis des années. 1:24
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Aurélie Herbemont
L’instauration de la proportionnelle pour les législatives de 2022 a du plomb dans l’aile. Les leaders de la majorité à l’Assemblée nationale ont fermé la porte le 17 mars. Mais François Bayrou "ne lâche rien". Le patron du Modem plaide encore pour un référendum, désireux de rester fidèle à la promesse du candidat Macron en 2017.

François Bayrou ne désarme pas sur la proportionnelle. Les présidents des trois groupes parlementaires de la majorité à l’Assemblée, Christophe Castaner (LREM), Patrick Mignola (Modem) et Olivier Becht (Agir), ont beau avoir acté mercredi matin que les propositions de lois pour instaurer l’élection des députés à la proportionnelle ne seraient pas inscrites à l’ordre du jour du Parlement, le patron du Modem "ne lâche rien". Pour lui, il existe encore une voie à explorer : celle du référendum, qu’il verrait bien se tenir en même temps que les régionales. 

François Bayrou le confie : "je ne lâche rien, je ne cède rien." Et, comme le résume une ministre de son parti, "il n’est pas du genre à mettre un genou à terre". Le président du Modem revient donc à la charge en plaidant pour une consultation directe des Français. De fait, il n’a jamais misé sur la voie parlementaire, puisque selon lui "les groupes parlementaires croient qu'ils pourront continuer longtemps à avoir le monopole de la représentation". Lui considère que le référendum est donc le meilleur chemin. Les élections régionales et départementales étant censées se dérouler les 13 et 20 juin, l’occasion est toute trouvée pour le centriste. 

"Les promesses engagent"

François Bayrou insiste car l'alliance nouée avec Emmanuel Macron en février 2017 reposait sur la promesse d'une Assemblée nationale plus représentative. Le Haut-Commissaire au Plan le martèle, comme un défi adressé au chef de l’Etat :  "les promesses engagent." L'introduction de la proportionnelle était effectivement une promesse du candidat Macron, inscrite dans le cadre d’une réforme des institutions plus large, avec la diminution du nombre de parlementaires notamment. Examinée en 2018, la réforme n’est pas allée au bout, percutée à l'époque par l’affaire Benalla. 

La pression de François Bayrou commence en tout cas à agacer les macronistes, qui préfèrent renvoyer ce sujet à la prochaine campagne présidentielle en proposant à nouveau une réforme plus globale, qui irait au-delà de la seule proportionnelle. "Par référendum, ça suppose la proportionnelle intégrale, ça n’a aucun sens", peste d'ailleurs un dirigeant de la majorité. Qui rappelle que l’alliance entre LREM et le Modem portrait sur "une dose" de proportionnelle. 

Mais contrarier le précieux allié de 2017 n'est pas sans risque. Un ministre prévient : "Ne sous-estimez pas Bayrou."