Primaire de la droite : pourquoi Macron peut se frotter les mains

François Fillon candidat de la droite, c'est quasiment l'équation idéale pour Emmanuel Macron.
François Fillon candidat de la droite, c'est quasiment l'équation idéale pour Emmanuel Macron. © PASCAL GUYOT / AFP
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Si c’est François Fillon qui est désigné dimanche prochain lors du second tour de la primaire, l’ancien ministre de l’Economie pourra avoir le sourire. 

L’émergence surprise de François Fillon au premier tour de la primaire de la droite, dimanche soir, a fait son lot de malheureux, les sarkozystes en tête. Mais il en est qui ont sûrement vécu, de loin, cette folle soirée avec un contentement certain. Dans le camp d’Emmanuel Macron, on a sans doute accueilli les 44% affichés par l’ancien Premier ministre avec le sourire. Car pour l’ancien ministre de l’Economie, la victoire du député de Paris ne serait pas une mauvaise nouvelle. C’est même pour lui, à plusieurs égards, l’adversaire idéal.

  • Un espace dégagé au centre

D’abord parce qu’entre Alain Juppé et François Fillon, l’un penche vers le centre, l’autre penche vers la droite. Le maire de Bordeaux a recueilli le soutien de la plupart des élus de l’UDI et de François Bayrou. Alors que François Fillon a défendu un programme extrêmement rigoureux et libéral sur le plan économique, et rigide sur les questions sociétales. Du coup, s’il était candidat, cela dégagerait un boulevard au centre, dans lequel Emmanuel Macron pourrait s’engouffrer. "Il peut se dire qu’il peut séduire une bonne partie de l’électorat centriste", confirme Frédéric Dabi, de l’institut Ifop.

D’ailleurs Emmanuel Macron ne s’y est pas trompé. Au moment de réagir au score de François Fillon, il a déjà marqué sa différence. "La Manif pour tous (anti-mariage gay, ndlr) a clairement joué un rôle, cela va être intéressant", a-t-il déclaré avec gourmandise au Monde, jetant les bases d’une future confrontation. Le programme de François Fillon est "caractérisé par ce qu'on appellerait un véritable conservatisme économique et social", a-t-il jugé. "Margaret Thatcher, c'était la politique des années 1980 au Royaume-Uni. Je pense que la France mérite mieux que cela. Et je pense que la France ne rentrera pas au XXIe siècle en faisant ce que la Grande-Bretagne a fait il y a 35 ans". Le match est lancé.

  • L’inconnue Bayrou

Reste toutefois une inconnue, sur l’attitude de François Bayrou. Le président du MoDem avait soutenu Alain Juppé, prévenant que si Nicolas Sarkozy l’emportait, il se présenterait à la présidentielle. Comme beaucoup, il n’avait pas envisagé une victoire possible de François Fillon, et n’avait donc pas indiqué ce qu’il ferait dans le cadre de ce scénario. "Le choix de François Bayrou sera un élément extrêmement important pour Emmanuel Macron", rappelle Frédéric Dabi. Si d’aventure le député de Paris était désigné, et que le maire de Pau décidait de ne pas se lancer, cela aurait tout de l’équation idéale pour Emmanuel Macron.

  • Fillon encore mieux que Sarkozy

Finalement, pour Emmanuel Macron, la candidature de François Fillon a tous les avantages de celle de Nicolas Sarkozy, avec cette petite touche supplémentaire qui fait la différence. Car l’ancien président est une bête de campagne. François Fillon est certes un excellent orateur, mais il n’ a pas encore démontré cette capacité qu’a son ancien "collaborateur" de soulever les foules, d’enflammer une salle pendant un meeting.

De l’ancien président, Emmanuel Maron dit dans le Monde qu’il était "le pire candidat [pour nous], contrairement à ce que je pouvais lire ou entendre, à la fois parce qu’il incarnait un retour à 2012 et parce que c’est le meilleur en campagne". A l’évidence donc, l’ancien ministre de l’Economie préfère affronter François Fillon. Méfiance tout  de même. "Quand on termine une campagne comme ça à 44%, c’est qu’on n’est quand même pas trop mauvais", prévient Frédéric Dabi.