Primaire de la droite et du centre : que valent les sondages ?

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Maxence Lambrecq avec M.Du , modifié à
Beaucoup plus coûteux que les études sur les intentions de votes à la présidentielle, plus compliqués à déchiffrer... Les sondages sur la primaire de la droite et du centre sont un véritable casse-tête pour les instituts qui les réalisent.  
L'ENQUÊTE DU 8H

Chaque semaine, les Français ont droit à un nouveau sondage sur la primaire de la droite et du centre qui se jouera les 20 et 27 novembre. Le dernier en date, réalisé par l'Ifop et publié par le Journal du Dimanche, donne Alain Juppé en tête avec 37% des voix contre 31% pour Nicolas Sarkozy. Mais, la semaine dernière, un sondage TNS Sofres donnait lui l'ancien Premier ministre à égalité avec l'ex-président de la République. Peut-on se fier à ces sondages ? Europre 1 a mené l'enquête, et ce n'est pas si sûr. 

Trouver la perle rare... C'est un comble : les sondeurs eux-mêmes semblent se poser la question de la pertinence de leurs sondages. "On cherche presque une aiguille dans une botte de foin", confie l'un d'eux. Car, lui comme ses concurrents, sont obligés d'interroger des milliers de personnes pour trouver la perle rare, celle qui est certaine d'aller voter à la primaire. Or, en ce moment, c'est moins d'un électeur sur dix. En conséquence, pour trouver mille participants à la primaire, il faut en interroger dix mille. 

"Il est absolument obligatoire pour avoir avoir un résultat probant de constituer des échantillons très importants", reconnaît Frédéric Dabi, directeur général adjoint de de l'Ifop, contacté par Europe 1. "Pour des instituts, ce sont des enquêtes plus coûteuses qu'une simple enquête d'intention de vote présidentielle". 

... Pour un coût très important. Ces sondages prennent donc du temps mais coûtent aussi beaucoup d'argent : entre 10.000 et 20.000 euros chacun. Conséquence : les grands médias nationaux sont réticents à payer une telle somme pour une photo de l'opinion qui sera très éphémère. Les instituts de sondage interrogent alors trois fois moins de monde, pour des coûts deux à trois fois moins chers. Les sondages ne se font plus que sur un échantillon de 300 personnes, ce qui épaissit considérablement la marge d'erreur de plus ou moins 5%. Un exemple : dans le dernier sondage réalisé par l'Ifop, Bruno Le Maire est à 13% alors que François Fillon atteint les 10%. Mais avec cette marge de l'erreur, l'inverse est donc tout aussi possible. 

Et les sondages de popularité ? Dans ces conditions, la tentation pourrait alors être de se rabattre sur les sondages d'opinion. Mais ce n'est absolument pas la même chose ! La popularité reste une question de "j'aime"/"je n'aime pas" tel ou tel politique tandis que l'intention de vote concerne la personne pour qui vous allez voter. En 2012, Nicolas Sarkozy est très impopulaire mais il est capable de réunir 48% des voix au second tour. Au contraire, François Bayrou est classé parmi les personnalités préférées des Français mais le compte n'y est pas en terme d'intentions de vote. 

Les sondages "secrets" des candidats. Les ténors de la droite ne se contentent pas des sondages rendus publics, ils arrivent à sonder l'opinion beaucoup plus discrètement. Chaque semaine, près de 2.000 personnes sont interrogées par une grand institut de sondage qui tient l'étude secrète. Qui sont les interrogés ? Des Français qui suivent l'actualité politique et qui sont des électeurs de droite en grande majorité. Les chiffres restent confidentiels mais les tendances sont communiquées aux candidats. "Ça marche bien cette semaine chez les jeunes", peut-on entendre chez une équipe de campagne. Ces études ne sont pas financées par les candidats mais par l'institut de sondage lui-même. Pourquoi ? Pour exercer un lobbying et espérer un retour d'ascenseur si la droite l'emporte en mai prochain.