Céline Parisot, la présidente de l'Union syndicale des magistrats. 5:52
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Baptiste Denis , modifié à
Invitée au micro d'Europe 1, la présidente de l'Union syndicale des magistrats, Céline Parisot, a vivement réagi à la nomination de l'avocat Éric Dupond-Moretti au poste de ministre de la Justice. Elle redoute "un affrontement" entre le nouveau ministre et la magistrature, profession avec laquelle il n'a jamais été tendre durant sa carrière.
INTERVIEW

La nomination d'Éric Dupond-Moretti reste la surprise de taille du remaniement opéré par Emmanuel Macron et son nouveau Premier ministre, Jean Castex. Mais l'homme aux 145 acquittements n'a pas forcément la cote auprès des juges et magistrats qu'il a souvent malmenés. Céline Parisot, la présidente de l'Union syndicale des magistrats (USM), a exprimé sa méfiance ce mardi matin au micro de Pierre de Vilno sur Europe 1.

"Ne pas rester aux a priori qu'il peut avoir pour le moment."

"Nommer au ministère de la Justice quelqu'un qui méprise profondément les magistrats et qui a pour habitude de nous insulter en nous traitant de caste endogame ou de barbouzes, ça nous pose un vrai problème", a d'emblée regretté Céline Parisot, toujours choquée par le comportement qu'a pu avoir Éric Dupond-Moretti envers certains magistrats.

"Ce sont des mots de mépris et de déconsidération. Nous espérons qu'au-delà de ces mots, il y en ait d'autres qui soient ceux d'un ministre et pas ceux d'un avocat de la défense." Céline Parisot espère donc qu'Eric Dupond-Moretti aura "des actes qui démontrent que le ministre de la Justice sait s'occuper de l'ensemble des composantes de son ministère et ne pas rester aux a priori qu'il peut avoir pour le moment."

"On souhaite du dialogue et des réformes"

Même si Céline Parisot avoue ne "pas trop savoir à quoi [s]'attendre", la magistrate aimerait qu'"Acquittator" prenne des décisions fortes. "Ce que l'on souhaite c'est du dialogue et des réformes parce qu'il y a beaucoup à faire. On espère que celles-ci ne se focalisent pas uniquement sur la prétendue irresponsabilité des magistrats, puisqu'Eric Dupond-Moretti s'est beaucoup gaussé de cela", tacle-t-elle avant de dresser les missions du nouveau ministre.

"Il n'y a pas que les responsabilités des magistrats à réformer dans notre ministère. Il y a énormément de choses et notamment un problème de budget qui nous empêche de travailler correctement. On l'a vu pendant la crise sanitaire, ça a été catastrophique. Ça, ce sont de vrais problèmes."

Lorsqu'il était avocat de la défense, Éric Dupond-Moretti était en constante confrontation avec les magistrats. L'USM espère "maintenant qu'il est ministre" un autre "positionnement". Les prochaines semaines devraient rapidement donner une réponse.