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Arthur de Laborde, avec AFP / Crédits photo : Yoan VALAT / POOL / AFP , modifié à
Ce jeudi, Emmanuel Macron était à Roubaix lors de l'hommage rendu aux trois policiers tués lors d'un accident de la route. Le chef de l'État a notamment dénoncé les "comportements irresponsables qui tuent" et salué "tous ceux qui risquent leur vie et parfois la perdent pour en sauver tant d'autres". 

Emmanuel Macron a dénoncé jeudi les "comportements irresponsables qui tuent" lors de l'hommage national rendu à Roubaix aux trois policiers tués par "un chauffard", saluant "tous ceux qui risquent leur vie et parfois la perdent pour en sauver tant d'autres". 

"Devant la douleur de leurs familles, devant la peine de leurs collègues, devant le deuil des Français, il faudrait que le silence suffise. Mais parler d'eux devient nécessaire pour rendre hommage à leur destin, dire respect et affection à ceux qui servent et protègent, et dénoncer les comportements irresponsables qui tuent", a déclaré le chef de l'État dans la cour de l'école nationale de police de la ville du Nord.

Les trois policiers décorés à titre posthume de la Légion d'honneur

Il a rappelé que dimanche, alors en mission, les jeunes policiers Paul, Steven et Manon, âgés de 24 à 25 ans, avaient été emportés par "un véhicule qu'ils ne pouvaient ni voir ni prévoir", qui roulait "à contre-sens, à tombeau ouvert", conduit par "un chauffard alcoolisé et sous l'emprise de stupéfiants".

Mais le président de la République a voulu élargir son hommage à tous les agents de l'État victimes de violences, après avoir dénoncé la veille en Conseil des ministres une forme de "décivilisation". Il a notamment cité le meurtre prémédité lundi d'une infirmière du CHU de Reims par un homme souffrant de schizophrénie et de paranoïa.

"Hommage à tous ceux qui risquent leur vie et parfois la perdent pour en sauver tant d'autres"

Emmanuel Macron a déploré que "trop de nos agents publics" aient été "emportés ainsi dans l'exercice de leur mission ces dernières années", saluant "tous ceux qui, à leur tâche chaque jour, servent ostensiblement les Français". "Hommage à tous ceux qui risquent leur vie et parfois la perdent pour en sauver tant d'autres", a-t-il dit.

"Les policiers nationaux, les gendarmes, les policiers municipaux, les pompiers, les secouristes, les infirmiers, les médecins, les enseignants et tant d'autres, tous ceux qui, dans l'humilité du service, s'occupent de nos compatriotes et protègent, méritent respect et considération", a-t-il insisté.

Emmanuel Macron, qui s'était d'abord entretenu avec les familles, a remis la Légion d'honneur à titre posthume à Paul, dont la compagne est enceinte, Steven, père d'un petit garçon, et Manon qui avait fait des études de kiné avant de choisir la police. Le petit garçon et l'enfant à naître seront désormais pupilles de la Nation. Les trois policiers transportaient dans leur voiture une jeune fille de 16 ans victime d'une agression. La jeune fille a été grièvement blessée dans l'accident.

Dans le public, devant un grand écran dressé à l'extérieur de l'école, collègues et proches de policiers ont rendu hommage aux trois victimes. "Il avait à peine attaqué sa carrière de policier que ça se termine comme ça, c'est dramatique. Ça aurait pu être évité à 5 secondes, 10 secondes près", a déploré Charles, ancien collègue de Paul. "Ils sont là pour nous protéger mais qui les protège eux ? Il est temps que l'État mette en place de vrais moyens pour la police", a dit pour sa part Ludivine Decoopman, épouse d'un policier du commissariat de Roubaix, trouvant que la présence du président Macron a peu d'importance.

"Introspection"

Emmanuel Macron avait bouleversé son agenda pour se rendre à cet hommage. Au lendemain d'une longue crise sociale et politique sur la question des retraites, il avait déjà appelé mercredi ses ministres à "travailler en profondeur pour contrer ce processus de décivilisation". Le terme, repris par l'extrême droite, notamment par l'écrivain Renaud Camus, chantre de la théorie du "Grand remplacement", est très décrié. Mais l'entourage du président évoque "un terme de recherche qui n'est pas préempté par un camp ou un autre".

Son utilisation vise à "lancer le débat d'une introspection plus profonde sur les maux de la société aujourd'hui", selon un proche du chef de l'État. La démission du maire de Saint-Brevin (Loire-Atlantique), Yannick Morez, sous la pression et la menace constantes de l'extrême droite, les intimidations subies par députés et élus locaux ne peuvent être mises "sur le même plan" que les drames de Reims et de Roubaix, insiste l'entourage du chef de l'État, car "ils n'ont pas la même cause".

Pour autant, le camp présidentiel dénonce à l'unisson "une société dans laquelle la violence effectivement est exacerbée" et devient de la "violence ordinaire", selon les mots jeudi de la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet. Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin n'a pas hésité à qualifier d'"assassin" le conducteur de la voiture qui a percuté le véhicule de police.

En parlant de "décivilisation", "Emmanuel Macron vient une nouvelle fois de nous donner raison", s'est réjouie pour sa part Marine Le Pen jeudi, dénonçant par ailleurs des policiers "moralement désarmés".