Photos d'exactions de l'EI sur Twitter : le parquet requiert un procès pour Marine Le Pen

Le parquet de Nanterre a requis le renvoi de Marine Le Pen et Gilbert Collard devant un tribunal pour "diffusion d'images violentes".
Le parquet de Nanterre a requis le renvoi de Marine Le Pen et Gilbert Collard devant un tribunal pour "diffusion d'images violentes". © LUDOVIC MARIN / AFP
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avec AFP , modifié à
Le parquet de Nanterre a requis vendredi le renvoi de la présidente du Rassemblement national Marine Le Pen devant un tribunal pour avoir publié sur son compte Twitter des photos des exactions du groupe État islamique en 2015.

Le parquet de Nanterre a requis le renvoi de Marine Le Pen devant un tribunal pour la publication, en 2015, de photos d'exactions du groupe État islamique sur son compte Twitter, ont indiqué vendredi des sources concordantes.

Deux procès en perspective. Le parquet a aussi demandé un procès pour le député du RN Gilbert Collard, mis en examen, comme la présidente du Rassemblement national (RN), pour "diffusion d'images violentes", ont indiqué ces sources, confirmant une information du Parisien. Il revient désormais à la juge d'instruction d'ordonner, ou non, un procès pour les deux élus.

Marine Le Pen est mise en cause pour avoir tweeté le 16 décembre 2015 trois photos d'exactions du groupe EI. Les images montraient un soldat syrien écrasé vivant sous les chenilles d'un char, un pilote jordanien brûlé vif dans une cage et une photo du journaliste américain James Foley, le corps décapité et la tête posée sur le dos. Accusant le journaliste Jean-Jacques Bourdin de faire un "parallèle" entre l'EI et le RN (alors Front national), elle avait accompagné ces photos des mots : "Daech, c'est ça".

L'avocat de Marine Le Pen dénonce "une persécution politique". Interrogé par l'AFP, le parquet de Nanterre, a confirmé vendredi ces réquisitions, précisant qu'elles dataient du 19 décembre. "On a totalement déformé la lettre et l'esprit d'un texte [de loi NDLR] qui est fait pour protéger des mineurs", a réagi Me David Dassa le Deist, avocat de Marine Le Pen, qui dénonce une "persécution politique".

"C'est un acharnement", a aussi estimé Me Jean-Marc Descoubes, avocat de Gilbert Collard, qui juge lui aussi que l'article invoqué n'est pas "applicable" aux faits. Par ailleurs, "Gilbert Collard avait pris le soin, par rapport à ses deux tweets, de faire des commentaires explicatifs et pédagogique", a-t-il ajouté.

Marine Le Pen s'était vu retirer son immunité parlementaire. Quelques semaines après les attentats du 13 novembre 2015, les pires jamais commis en France, la publication de ces photos très violentes avait immédiatement soulevé un tollé au sein de la classe politique mais aussi au-delà. Gilbert Collard avait quant à lui diffusé la photo d'un homme gisant au sol, le crâne défoncé, avec ce commentaire : "Bourdin compare le FN à Daech : le poids des mots et le choc des bobos!"

Le parquet de Nanterre avait lancé le jour même une enquête après un signalement des clichés par le ministre de l'Intérieur d'alors, Bernard Cazeneuve, à la direction de la police judiciaire. Après s'être vu retirer son immunité parlementaire, Marine Le Pen avait  été mise en examen le 1er mars 2018 pour "diffusion de message violent susceptible d'être vu ou perçu par un mineur", deux mois après Gilbert Collard. En septembre, elle s'était insurgée contre une expertise psychiatrique ordonnée par la justice dans le cadre de cette enquête - un examen pourtant prévu par la procédure pénale. Dénonçant une "méthode" utilisée "dans les régimes totalitaires", elle avait déclaré qu'elle ne se rendrait "bien entendu" pas à cet expertise.