«On récolte ce qu'on a semé» : à Lille, les électeurs PS dépités par la débâcle d'Hidalgo

À Lille, dans le fief de Martine Aubry, Anne Hidalgo ne réalise que 2,26% des voix au premier tour de la présidentielle.
À Lille, dans le fief de Martine Aubry, Anne Hidalgo ne réalise que 2,26% des voix au premier tour de la présidentielle. © Xose Bouzas / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
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Lionel Gougelot, édité par Ugo Pascolo , modifié à
Dans le fief de Martine Aubry, le PS n'a pas résisté à la vague mélenchoniste. Anne Hidalgo n'a recueilli que 2,26% des suffrages, contre 40,5% pour le leader de La France insoumise. Un résultat qui illustre bien ce que vit le parti à la rose au niveau national. 

Un camouflet qui a dû mal à passer. À Lille, dans le fief de Martine Aubry, Anne Hidalgo ne réalise que 2,26% des voix au premier tour de la présidentielle. Un score d'autant plus difficile à supporter que Jean-Luc Mélenchon pointe en tête avec 40,5% des voix, devant un Emmanuel Macron à 25,6%. Si les électeurs de gauche ont sans doute choisi le vote utile dans cette ville, ce résultat illustre bien la situation d'un Parti socialiste au bord du gouffre.

"Où est Parti socialiste maintenant ?"

Dans le grand hall quasi-désert de la mairie de Lille, une poignée d'électeurs et de sympathisants socialistes ont la mine déconfite devant les résultats qui défilent à la télévision. "Où est le Parti socialiste maintenant ? Je me pose des questions. Franchement, voilà le résultat aujourd'hui", lâche au micro d'Europe 1 un électeur encore sous le choc de voir la championne du parti à la rose recueillir moins d'un million de voix au niveau national.

Sous le beffroi d'un Pierre Mauroy jadis tout puissant, une véritable ambiance de fin de règne s'est installée tandis que Martine Aubry, cloîtrée dans son bureau, reste invisible. "On récolte ce qu'on a semé", tranche un ex-militant. "Les électeurs ont encore en tête les cinq années calamiteuses de François Hollande. Il y a sans doute un vote utile qui a joué en faveur de Jean-Luc Mélenchon." Alors, c'est vrai, le projet du PS n'était peut-être pas en phase avec ses électeurs, reconnaît Sarah Kerrouche, patronne du parti dans le Nord.

"Ce qui nous a sans doute manqué, c'est un projet de vision globale"

"Ce qui nous a sans doute manqué, c'est un projet de vision globale", analyse de son côté, Sarah Kerrich, patronne locale du parti. "C'est-à-dire qu'on a agrégé un certain nombre de mesures qui étaient bonnes individuellement, mais qui ne peut être n'ont pas parlé à nos électeurs habituels." 

Et le risque maintenant, selon ces militants, c'est la mort programmée du Parti socialiste. "Moi je pense surtout aux frais de campagne. Ils vont être ruinés", avance l'un d'entre eux. Alors pour survivre, la refonte totale de la stratégie politique semble inévitable. "Il faudra certainement de toute façon composer avec d'autres forces", avance un autre électeur du PS. Mais en attendant de reconstruire la gauche, ces militants n'ont aucune hésitation. Ils voteront Emmanuel Macron pour barrer la route à Marine Le Pen.