Emmanuel Macron s'est exprimé à l'occasion du bicentenaire de la mort de Napoléon Bonaparte, mercredi. 1:42
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, Jean-Rémi Baudot, avec AFP , modifié à
A l'occasion du bicentenaire de la mort de Napoléon Bonaparte, Emmanuel Macron, premier président à s'exprimer sur l'Empereur depuis Pompidou, a expliqué vouloir réaliser "une commémoration éclairée" d'une figure controversée de l'Histoire de France. 

"Napoléon Bonaparte est une part de nous": Emmanuel Macron a dressé mercredi un portrait "en clair-obscur" de cette figure controversée de l'Histoire de France, dénonçant ses "fautes", comme le rétablissement de l'esclavage, mais aussi célébrant ses qualités de "bâtisseur et législateur" et de défenseur de la souveraineté nationale.

"De l'Empire, nous avons renoncé au pire"

En commémorant le bicentenaire de la mort de l'Empereur, le chef de l'Etat, premier président à s'exprimer sur Napoléon depuis Pompidou, a expliqué dans un discours à l'Institut de France vouloir réaliser une "commémoration éclairée". Avec, a-t-il insisté, "la volonté de ne rien céder à ceux qui entendent effacer le passé au motif qu'il ne correspond pas à l'idée qu'ils se font du présent", en une critique implicite de la "cancel culture".  Il a donc souhaité parler de Napoléon "sans effacer, sans nier, ni renier".

"De l'Empire nous avons renoncé au pire, de l'Empereur nous avons embelli le meilleur", a-t-il affirmé, appelant de nouveau à "regarder notre Histoire en face et en bloc". Sur l'esclavage, que Napoléon a rétabli en 1802, il déclare ainsi que "la Deuxième République a réparé en 1848 cette trahison de l'esprit des Lumières".

Evoquant les pertes en vies humaines dont l'Empereur est responsable, il souligne que la France a depuis "placé la valeur de la vie humaine plus haut que tout que ce soit, dans les guerres ou dans les pandémies", une référence à la gestion du Covid-19. Il a enfin condamné son "exercice arbitraire d'un pouvoir solitaire"

"Un stratège, un législateur, un bâtisseur"

Le chef de l'Etat a en revanche rendu hommage à "un stratège, un législateur, un bâtisseur", à "cette part de France qui a conquis le monde". Il a célébré celui qui "a gravé dans le marbre l'égalité civile entre les hommes avec le Code civil, la protection de la loi pour tous avec le Code pénal". Mais a ajouté que l'Etat avait "poursuivi cette œuvre de progrès en agissant pour l'égalité entre les femmes et les hommes" et en abolissant la peine de mort", alors que Napoléon est critiqué pour avoir inscrit l'infériorité de la femme par rapport à son mari dans le Code civil.

Autre écho à l'actualité, Emmanuel Macron a aussi applaudi celui qui a "apaisé les relations avec les grandes religions, par le Concordat, par le Grand Sanhédrin, une cour suprême juive convoquée par Napoléon au début du XIXème siècle. Une commémoration est aussi un moyen de parler de soi...et Emmanuel Macron a aussi dépeint un portrait de Napoléon qui ressemble très finement à la définition qu'il fait lui-même du macronisme. "On aime napoléon car sa vie est une "invitation à prendre son risque, faire confiance à l'imagination, être pleinement soi".

Dans une ode à la valeur individuelle qui résonne avec son propre credo politique, il a célébré enfin une vie de "volonté", de "liberté", de "goût du possible", qui "démontre qu'un homme peut changer le cours de l'Histoire". L'Elysée avait promis une déconstruction de la figure de Napoléon, on a assisté à une reconstruction macroniste de l'Empereur !