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Menace de censure : la réponse de Michel Barnier à Marine Le Pen

Europe 1 avec AFP / Crédits photo : Pascal LACHENAUD / AFP . 5 min

Marine Le Pen a jugé "pas acceptable" que "les dernières annonces de Michel Barnier" jeudi "ne soient pas financées par des économies structurelles" et "aggravent un déficit déjà abyssal". Le Premier ministre a répondu, vendredi, ne pas être "dans l'état d'esprit" d'un ultimatum mais vouloir du "respect" et du "dialogue".

En dépit des concessions de Michel Barnier , notamment sur l'électricité, Marine Le Pen ne semblait pas vendredi disposée à renoncer à censurer le gouvernement la semaine prochaine, multipliant les avertissements à l'adresse d'un Premier ministre qu'elle accuse de "précipiter la crise financière".

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Marine Le Pen demande des réponses avant lundi

Dans un message posté sur X, la cheffe de file des députés Rassemblement national a jugé "pas acceptable" que "les dernières annonces de Michel Barnier" jeudi, sur la taxation de l'électricité ou les cotisations sociales des entreprises, "ne soient pas financées par des économies structurelles" et "aggravent un déficit déjà abyssal".

"En l'état, le budget de M. Barnier va précipiter la crise financière générée par sept ans de macronisme, dont les défaillances d'entreprises, la hausse du chômage et les tensions sur les marchés financiers ne sont que les prémices", a-t-elle ajouté. Marine Le Pen demande des réponses avant lundi, date après laquelle le gouvernement ne pourra plus amender son projet de budget de la Sécurité sociale.

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Michel Barnier veut du "respect" et du "dialogue"

Michel Barnier a répondu en marge d'un déplacement à Limoges ne pas être "dans l'état d'esprit" d'un ultimatum mais vouloir du "respect" et du "dialogue", en rappelant avoir reçu "longuement" Mme Le Pen lundi puis ses homologues du Parlement. "L'ultimatum, c'est celui d'une France qui doit travailler, qui doit réduire sa dette, qui doit préserver ses emplois", a-t-il poursuivi. Les Français "veulent que ça marche et (...) que cela continue".

Les exigences du RN en matière d'"économies structurelles" risquent de faire tousser à Matignon dans la mesure où ces annonces - notamment celle sur l'électricité qui représentent un manque à gagner de 3,4 milliards d'euros - ont été faites pour répondre en partie aux "lignes rouges" du RN. Des lignes rouges qui comprennent aussi l'annulation de la désindexation partielle des retraites sur l'inflation - trois milliards d'économies - au 1er janvier et du déremboursement des médicaments.

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La motion de censure pourrait être débattue dès mercredi

Le gouvernement peut amender jusqu'à lundi son projet de budget pour la Sécurité sociale s'il engage ce jour-là l'article 49.3 de la Constitution, qui permet l'adoption du texte sans vote, faute de majorité à l'Assemblée nationale. Auquel cas la gauche déposerait une motion de censure, qui pourrait être débattue et éventuellement soutenue par le RN dès mercredi. "On n'est pas dans l'idée de lui faire un cadeau" à Michel Barnier, a insisté sur franceinfo le vice-président du RN Sébastien Chenu, qui voterait aujourd'hui la censure car les concessions sont pour lui "du bricolage".

Barnier "favorable" à exclure l'industrie du "zéro artificialisation nette" pour cinq ans

Le Premier ministre Michel Barnier s'est dit vendredi "favorable à ce que l'on exempte l'industrie" du dispositif "zéro artificialisation nette" des sols (ZAN) "pour une période de cinq ans", dans le cadre de mesures de simplification pour soutenir ce secteur économique.

"Je suis favorable à ce que l'on exempte l'industrie du zéro artificialisation nette, qu'on appelle ZAN, pour une période de cinq ans, au terme de laquelle nous ferons une évaluation", a déclaré le chef du gouvernement lors d'un déplacement à Limoges sur le thème de l'industrie.

Quant au financement des exigences du RN, Sébastien Chenu a énuméré pêle-mêle une taxe sur les surprofits, les rachats d'actions, une baisse de l'aide au développement, une réduction de l'aide médicale aux sans papiers - promise aussi jeudi par Michel Barnier - ou encore une baisse de la contribution française au budget de l'Union européenne. Il a minimisé les risques d'une "impasse économique" si la France se retrouvait sans budget. "Si nos prêteurs deviennent trop chers, la BCE va prendre le relais", a-t-il assuré, dans un hommage inattendu à l'institution de Francfort de la part de ce parti.

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"Autant que faire se peut"

Le Premier ministre a promis depuis Limoges de ramener le déficit "autant que faire se peut, et plutôt plus que moins (...), autour de 5%" du PIB en 2025. "Donc on va trouver des compensations et on va préserver cet objectif", a-t-il assuré. L'exécutif entend ramener le déficit public de 6,1% du PIB en 2024, à 5% en 2025, puis sous le plafond européen de 3% en 2029, tout en amorçant une lente réduction de la dette (presque 3.230 milliards d'euros). Épinglée par Bruxelles pour son déficit excessif, la France attend la décision vendredi soir de l'agence de notation S&P sur sa dette.

La porte-parole du gouvernement Maud Bregeon a laissé entendre sur France 2 que Michel Barnier n'irait pas plus loin dans les renoncements, défendant un "pas majeur" sur l'électricité. Elle a aussi rappelé que "pour trouver des compromis, il faut être deux", semblant douter que les députés RN "souhaitent réellement attribuer un budget à la France".

Censure ou pas, les paris restent ouverts à l'Assemblée. "Les collègues RN, on les sent 'chauds bouillants' sur la censure", témoigne une députée LR. "Au RN, ils sont irrationnels. Marine Le Pen, vu sa situation judiciaire, on ne peut pas savoir comment elle va se comporter", analyse un macroniste, en allusion au procès des assistants du RN au Parlement européen.

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