Marine Le Pen se prépare au duel face à Emmanuel Macron

  • Copié
Antonin André, chef du service politique
Marine Le Pen, qui s'appuie sur un programme économique au chiffrage flou et qui ne rassure pas les Français, se projette déjà au second tour de l'élection présidentielle contre Emmanuel Macron, 

Elle le surnomme "le Jean-Claude Van Damme de la politique" ! Pour Marine Le Pen, en meeting à Lille dimanche, c'est bien Emmanuel Macron qu'elle affrontera au second tour de l'élection présidentielle. Mais au passage, on souhaite à Marine le Pen de ne jamais croiser Jean-Claude Van Damme au risque de goûter à la planchette japonaise.

Raisonnement simpliste. Lors du débat de lundi dernier, déjà, elle avait concentré ses attaques sur Emmanuel Macron. À chacun de ses meetings, elle l’étrille. L’axe d’attaque ? La candidate du "peuple" contre le candidat "mondialiste", la "nationaliste" contre "l’Européen". Et le vent lui est favorable : Donald Trump, le Brexit, la poussée des populistes en Autriche, aux Pays-Bas, en Allemagne… Depuis un an, une vague des populistes s'est abattue de Washington à Moscou, où elle est allée se faire adouber par Vladimir Poutine.

 

Sur le plan intérieur, cela lui permet de raisonner de manière simpliste : le chômage, les plans sociaux ou encore la faiblesse du pouvoir d’achat sont de la faute de l’Europe, de la mondialisation et bien sûr de l’immigration. Les solutions ne sont pas non plus nuancées. Selon elle, on sort de l’Europe, on rétablit les frontières et les problèmes sont réglés.

La sortie de l'euro comme repoussoir. Sauf que la crédibilité économique est la faiblesse de Marine Le Pen. C’était déjà son talon d’Achille en 2012, campagne lors de laquelle elle avait tenté de convaincre au cours d’une grande conférence de presse acrobatique. Pour cette campagne présidentielle, elle emploie la stratégie inverse : il n'y a pas de chiffrage précis. À la place, Marine Le Pen reprend la bonne vieille recette du "on rase gratis" : elle prône des baisses d’impôts sur le revenu, une prime de pouvoir d’achat pour les petits salaires et petites retraites, avec une revalorisation des prestations sociales et des recrutements dans la police, la gendarmerie ou les hôpitaux, sans oublier le retour de la retraite à 60 ans.

Comment tout cela est financé ? Elle avance la lutte contre la fraude et l’évasion fiscales, ainsi que la suppression de l’aide médicale d’État. C'est un peu court et surtout très flou. Mais le véritable repoussoir pour les Français, notamment pour les plus âgés, qui votent beaucoup, c’est la sortie de l’euro et l’affaiblissement de la monnaie qui en découlerait. 72% des Français y sont opposés selon l’IFOP, c’est 10 points de plus qu’en 2010.