Sur le terrain les socialistes goûtent peu la sortie de l’ex-Premier ministre. 5:47
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Nathalie Chevance et R.Da. , modifié à
L'ancien Premier ministre socialiste de François Hollande veut être "candidat de la majorité présidentielle" d'Emmanuel Macron. Une position qui scandalise sa famille politique.

Manuel Valls veut rejoindre En Marche! pour les législatives, mais celui qui est devenu député de l'Essonne sous l'étiquette PS assure qu’il reste socialiste. "Impossible", lui a répondu mardi matin le premier secrétaire du parti, Jean-Christophe Cambadélis. Une réaction compréhensible dans la mesure où Manuel Valls multiplie depuis des semaines les mots durs contre le PS, estimant qu'il est mort.

"Il s'essuie les pieds sur un parti auquel il doit tout". Sur le terrain les socialistes goûtent peu la sortie de l’ex-Premier ministre. Pour Olivier Faure, député de la Seine-et-Marne et patron du groupe PS à l’Assemblée nationale, l’attitude de Manuel Valls marque l'aboutissement d’une prise de distance amorcée dès la primaire de la gauche. "Chacun connait les options qu’a prises Manuel Valls depuis de longues semaines. Il n’a pas respecté le vote de la primaire, il s’est engagé aux côtés d’Emmanuel Macron dès le premier tour, il est maintenant à s’essuyer les pieds sur un parti auquel il doit tout, qui lui a permis de devenir Premier ministre", rappelle l’élu au micro d’Europe Midi.

Vers une majorité composite ? "Je prends acte de son départ", tranche encore Olivier Faure pour qui Manuel Valls ne peut plus être considéré comme un socialiste. Le député estime que la futur majorité, si elle veut obtenir l’adhésion des Français à l’issue d’une présidentielle qui a porté le FN au second tour, ne pourra pas s’appuyer sur le seul mouvement d’Emmanuel Macron. "La majorité de demain doit être composite, elle ne peut pas être exclusivement En Marche! avec 42% de Français qui n’ont pas voté pour Emmanuel Macron au premier tour et qui ont voté pour lui au second". 

"C’est violent, ça fait mal". Dans les Bouches-du-Rhône, la réaction de Patrick Mennucci, ex-soutien de Vincent Peillon, est encore plus épidermique. "C’est violent, ça fait mal", a réagi le député sortant au micro d'Europe 1. Encarté depuis plus de quarante ans, il voit dans l'attitude de Manuel Valls  une trahison supplémentaire vis-à-vis de sa famille politique, et adresse aussi un avertissement à En Marche!. "Je pense que Manuel Valls n’a qu’un seul objectif : se faire réélire dans la circonscription d’Evry. Pour cela, il est prêt à toutes les acrobaties. Cette violence à l’égard de son parti est très inquiétante, y compris pour ceux qui l’accueilleront. Valls quitte le PS, mais vous verrez qu’il n’y aura pas des dizaines de personnes qui quitteront le PS", assure-t-il .

" Manuel Valls est peut-être mort, mais pas le PS "

Un parti qui n’est pas mort, veut donc croire le député de Marseille, qui lance sa propre campagne avec à ses côtés des militants qui attendent aussi une renaissance. "Je pense que Manuel Valls se trompe. Lui est peut-être mort, mais pas le PS. Je pense que l’on doit muter, ouvrir les portes et les fenêtres, attirer à nous les syndicalistes. Je pense que Benoît Hamon a posé des jalons et que l’on doit continuer dans cette perspective", explique l’un d’eux. "Il va y avoir un sursaut pour les législatives", veut croire une autre. "On a des militants autour de nous, qui ont encore des vraies valeurs de gauche, les convictions sont toujours les mêmes". Les résultats de ces législatives s’annoncent donc particulièrement cruciaux pour l’avenir du PS, et la campagne, en tous cas, très compliquée.