opération Barkhane Sahel 2:01
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William Molinié, édité par Solène Leroux avec AFP , modifié à
Nouveau franchissement dans les tensions entre Paris et Bamako. Le gouvernement de transition malien a exigé lundi le retour sous 72 heures de l’ambassadeur de France. Lundi soir, du côté de la France, de source diplomatique, on prenait "note" de ce retour. En quoi cette décision est-elle un camouflet pour Paris ?

La télévision d'État du Mali a annoncé lundi que les autorités maliennes dominées par les militaires ont décidé d'expulser l'ambassadeur de France, dans une nouvelle escalade de la brouille entre Bamako et Paris. Un véritable camouflet pour Paris. La France a beaucoup investi dans la région. En janvier 2013, c’est à la demande des Maliens que l’armée française intervient pour repousser une offensive djihadiste. Depuis, 53 soldats français ont perdu la vie sur place. La France a formé l’armée malienne, elle s’est battue dans le nord du pays, une région totalement abandonnée par Bamako.

Et aujourd’hui, en demandant le départ sous 72 heures de l’ambassadeur français, la junte montre à Paris la porte de sortie. Le dialogue est de toute façon rompu avec le colonel putschiste Assimi Goïta. Il accumule les insultes à l’égard de la France, mais aussi des pays de l’Afrique de l’Ouest puisque leurs ambassadeurs, eux aussi, sont déjà tous partis de Bamako.

La fin de l'opération Barkhane ?

La junte au pouvoir a aussi pactisé avec les Russes de la société militaire privée Wagner. Est-ce que ce retour de l’ambassadeur de France à Paris veut dire que c’est la fin de l’opération Barkhane ? Paradoxalement, les militaires français ne peuvent pas du jour au lendemain stopper les combats. Au contraire, la consigne est de ne surtout pas laisser du terrain aux terroristes dans le désert. Pour éviter qu’ils se rapprochent des positions de Barkhane et que Gao, l’épicentre de la logistique militaire au Sahel, se retrouve pris au piège.

Tout cela confirme ce qu’on entend au sein des armées françaises depuis plusieurs mois maintenant : la présence française dans le format actuel n’a plus d’avenir au Mali. La décision d’un retrait définitif est politique, elle n’appartient qu’à Emmanuel Macron, le chef des armées. La question, c’est où se replier ? Plusieurs hypothèses sont sur la table : le Niger, le Tchad ou un pays du golfe de Guinée. L’objectif est de conserver une capacité d’intervention pour lutter contre les incursions djihadistes à grande échelle.