"L'opinion américaine en a un peu assez du goût du secret des Clinton"

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A.D , modifié à
A huit jours du premier débat télévisé entre Trump et Clinton, les enjeux se cristallisent. Après son malaise, la démocrate doit démontrer sa forme et inspirer confiance. Son rival, lui, doit profiter de la situation pour se montrer d’autant plus présidentiable.
INTERVIEW

Dans huit jours, et pour la première fois, Hillary Clinton et Donald Trump s'affronteront lors du premier des trois débats prévus d'ici l'élection présidentielle aux Etats-Unis, le 8 novembre. Invité dimanche sur Europe 1 dans C'est arrivé demain, Julien Vaulpré, expert en politique américaine, décrypte les enjeux de duel télévisuel qui peut chambouler la campagne et qui arrive à un moment clé, appelé par les Américains "september surprise".

"Créer le contraste". La surprise est arrivée sous la forme du malaise de la candidate démocrate lors des célébrations du 11-Septembre. "Cela fragilise énormément la campagne d'Hillary Clinton. C'est un séisme conjoncturel pour elle, un espèce de coup d'arrêt." Quant à Donald Trump, "l'enjeu est pour lui très important. Il doit créer le contraste avec elle, surtout si elle est encore affaiblie physiquement."

"Elle doit encore rassurer". Le milliardaire peut, selon Julien Vaulpré, encore gagner une carrure de présidentiable. C'est même le moment où il doit démontrer sa capacité "à rassembler le pays" et à devenir président des Etats-Unis, "même s'il ne sera jamais un père de la Nation comme les pères fondateurs américains l'ont imaginé." Hillary affaiblie, l'enjeu principal de sa concurrente est plus basique que politique : se montrer en bonne santé. "Elle doit encore rassurer. Au cours de la semaine, elle a refait un meeting en Caroline du Nord mais qui n'était que de vingt minutes, ce qui montre qu'elle n'a pas retrouvé toutes ses capacités."

"Clinton fatigue". Au delà du simple aspect médical, ne pas avoir "dit tout de suite qu'elle avait une pneumonie a révélé le fait qu'elle avait toujours quelque chose à cacher." Un élément qui alimente la "Clinton fatigue" : l"opinion américaine en a un peu assez du goût du secret des Clinton. On se souvient du mensonge de Bill concernant Monica Lewinsky ou du manque de transparence d'Hillary dans l'affaire des e-mails". "Seuls 35% des Américains estiment qu'Hillary Clinton est une personne digne de confiance", renchérit Julien Vaulpré.

La campagne se fait donc avec deux poids, deux mesures. "Ce que l'on demande à Hillary Clinton n'est pas du tout ce que l'on exige de Donald Trump. Il a construit sa campagne sur la transgression et ne doit pas la même chose en termes de vérité et de cohérence."