Le Front national pourrait renoncer au défilé du 1er-Mai

Défilé du 1er-Mai (1280x640) KENZO TRIBOUILLARD / AFP
Chaque année, les sympathisants du Front national défilent le 1er mai. © KENZO TRIBOUILLARD / AFP
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Antonin André avec M.B.
"JEANNE, AU SECOURS" - Officiellement, le parti aurait peur de ne pouvoir assurer la sécurité des participants. En réalité, il s'agirait de rompre avec un symbole désuet.

Chaque année, c'est l'un des grands rendez-vous des responsables politiques et militants du parti, avec son passage obligé devant la statue de Jeanne d'Arc, rue de Rivoli, à Paris. Pourtant, selon nos informations, le Front national réfléchirait à supprimer son traditionnel défilé du 1er-Mai.

Le Front national ciblé par les islamistes. Marine Le Pen en personne envisage d'y renoncer, officiellement pour des questions de sécurité. En effet, dans son dernier numéro paru le 6 février, la revue islamiste radicale Dar al-islam a publié une photo d'un défilé du Front national le 1er mai avec une légende présentant les "idolâtres du FN" comme des "cibles de premier choix". La présidente du parti s'est donc saisie de ce prétexte, à la fin du séminaire de réflexion organisé par la formation le week-end dernier, pour remettre en cause l'organisation du traditionnel défilé.

Un symbole du FN traditionnel. Suffirait-il donc d'une photo légendée dans un fanzine islamiste pour expliquer cet éventuel renoncement ? En réalité, les dirigeants du Front national envisageaient depuis quelque temps déjà la possibilité d'une annulation, sur des critères plus politiques. Car si Marine Le Pen a renoncé à changer le nom du parti, comme le préconisaient certains responsables désireux de rompre avec une marque repoussoir pour beaucoup d'électeurs, la présidente veut s'attaquer à d'autres symboles du Front national traditionnel. Et parmi eux, figure le défilé du 1er-Mai, que la formation observe religieusement depuis 1979 (il se tenait toutefois le 8 mai jusqu'en 1988).

En finir avec le folklore. "Poussiéreux", "désuet", "archaïque" : l'entourage de Marine Le Pen n'a pas de mots assez durs envers cette grand-messe frontiste. "C'est le jour où tu prends le risque de voir en interview à la télé tous les tarés qui se greffent sur le défilé", glisse l'un des proches de la présidente. Loin du folklore des crânes rasés et des costumes régionaux, le Front national dépoussiéré préfèrerait présenter des têtes bien faites et des responsables en costume-cravate pour prouver sa capacité à gouverner les villes, les départements, voire le pays en 2017.

Une "trahison" pour Jean-Marie Le Pen. Marine Le Pen ne devrait cependant pas faire complètement table rase du passé. L'idée serait de maintenir une fête frontiste en mai, mais sous une forme nouvelle. Ce changement n'est pas du goût de tous. "C'est une confirmation de la volonté de rupture avec la tradition Front national", tempête Jean-Marie Le Pen. Le fondateur du Front national avait gâché la fête du 1er-Mai, l'année dernière, s'invitant sur scène alors qu'il n'y était pas invité. Pour lui, le défilé du 1er-Mai "est l'un des temps forts, populaires, emblématiques" du parti. Le supprimer, Jean-Marie Le Pen "considère que c'est une 'cauchonnerie', du nom de l'évêque Cauchon", qui avait ordonné le procès de Jeanne d'Arc en 1431. "C'est une trahison de Jeanne d'Arc."

Au nom de la tradition. L'ancien président d'honneur du parti d'extrême droite peut compter sur le soutien de sa petite-fille. Marion Maréchal-Le Pen est en effet pour le maintien du défilé le 1er mai, au nom de la tradition et de l'identité du Front national. La députée du Vaucluse estime également que la manifestation permet d'unir la formation politique au peuple.